Jean-Marc Thommen s’essaye à associer dessin et peinture sans en passer par la représentation, en travaillant ce que le dessin peut apporter à la peinture.
Cette relation entre dessin et peinture pour Thommen se place dans un champ qui exclut l’orthogonalité et la géométrie construite issue du néo-plasticisme et se tient en partie à distance du réductionnisme puritain pratiqué par les minimalistes.
Il n’y a pas de dessin pré-établi chez lui. Il s’agit bien plus pour lui d’éprouver ce que permet dans l’espace sensible et dans le champ visuel le fait de définir un programme de travail qui accorderait au temps du geste une place essentielle dans la gestation de l’œuvre.
Son « dessein » consiste précisément à se donner les conditions de l’improvisation. Au fil du trait, il cherche dans les plis et les déliés de l’écriture graphique ce qui peut prendre forme dans l’élan donné à la ligne, le rythme qui en ourle les courbes et les scansions que le mouvement du trait va connaître.
Il y a dans ses « exercices » une méthode qui n’est pas sans évoquer les partitions pour piano préparé d’un John Cage ou les improvisations d’un Ornett Coleman. Le dessin chez Thommen est fait d’une économie de moyens riche de l’écho des impulsions et contractions épurées du trait chez Twombly ou de ce bruissement du tracé qui ourle les épures d’un Ryman. Jean-Marc Thommen, s’interrogeant sur l’impact qu’ont eu pour lui les artistes conceptuels et minimalistes, notait d’ailleurs que l’effet tabula rasa lui était plutôt apparu comme une nouvelle surface à explorer.
Pour reprendre ses termes il s’attache à la refertiliser et à lui donner son étendue au gré des saisons et sans se soumettre à l’air du temps.
Philippe Cyroulnik
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