En appel, une grande plaque de verre appuyée à la verticale sur la vitre de la devanture du Pays Où le Ciel est Toujours Bleu. La plaque transparente porte sur sa face et son revers deux articulations superposées. Il est question comme pour les tableaux présentés dans l’espace projet de la galerie d’un mouvement et d’un rythme mis en séquence par la conjugaison de deux structures : l’une solide, l’autre liquide.
La première est constituée de surfaces et de volumes géométriques façonnés dans des matériaux (papier, mousse polyuréthane, bois, pierre, métal, verre…) ou découpés à partir d’objets divers. Ce registre est mis à disposition en amont de la réalisation (de l’articulation) comme une large bibliothèque ouverte aux choix. Les formes posées sur le support s’emboîtent par l’alignement d’un de leurs côtés.
La seconde structure est le produit de vernis et de peintures versés ou de pâtes déposées sur le support. Les différentes couches, une par solide, prennent place sous ou sur et au-delà de chaque élément de façon spontanée. Elles livrent un dessin au naturel.
Assemblée sur le verre, la conjugaison baroque des structures est en suspension. Le support translucide en retrait du regard ne s’efface-t-il pas ? Sa surface et ses bords dissertent sur la discrétion tandis que dans l’un des coins inférieurs des aplats géométriques colorés au silicone dénoncent l’artifice, écornent la transparence. Les structures travaillent sur l’épaisseur réelle ou virtuelle qui s’ingénie sur les deux côtés du verre à nous surprendre. Cependant l’œuvre ne se montre que partiellement et dans une complexité centrée sur le collage puisque l’un des côtés nous est caché. L’endroit et l’envers de la peinture sont donnés à voir comme des éléments participatifs sur un rythme conjoint et narratif.
Au sous-sol, avec un espace sans lumière et étroit, j’ai pensé aux origines et à la caverne.
Ainsi, je présente des morceaux choisis d’un dossier documentaire réalisé dans les premières années de ma pratique. Ces études au crayon, aux pastels gras ou encore à l’encre portent sur l’art préhistorique. Elles sont posées sur un plateau dressé sur des tréteaux comme un théâtre de formes et de questions. Un dessin présenté autrement, sous verre, est accroché au mur. Il discute d’un autre statut.
Sur les murs des deux salles des tableaux, parmi les plus récents, présentent une mise en volume (en relief) de la peinture : un geste de peintre, certes, mais détaché du support offert dans sa mécanique comme un simple artefact du plan et de la frontalité. Peu à peu, sur le grain de la toile, s’égrène la grotesque contemporaine d’un cabinet de curiosité inachevé où est convoqué l’incongru d’un singulier plastique tendu dans ses principes génériques, ceux du fragment, du sédiment : une surface, une épaisseur, une texture et une couleur. Cette archéologie interroge la possible dynamique des arts décoratifs comme piste vraisemblable vers des beaux-arts laïques, dans et au-delà d’une mimésis détachée de l’affectueuse caresse du pinceau.
Aux origines, il y avait la nuit et le cortège du vol des chauves-souris…
Laurent Mazuy
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