Jacky Coville expose depuis les années 1970, en France et à travers le monde. Ses oeuvres ont été présentées dès 1976 au Japon, en Allemagne, en Belgique et sont régulièrement exposées en Italie.
Dès 1982, il est représenté par la galerie Capazza et en devient même artiste permanent. La galerie organise chaque année une exposition de son travail au Grenier de Villâtre à Nançay (18).
Fort de nombreuses récompenses, telle la médaille d’or de Faenza ou celle de Vallauris, ses sculptures sont souvent exposées in situ, comme au Musée d’Art moderne et d’Art contemporain de Nice ou dans la fontaine Saint-Sulpice à Paris, mais également acquises par de grandes institutions (FRAC Ile-de-France, Bibliothèque Nationale de France, Musée des arts décoratifs de Paris, Musée de Sèvres…).
La maison : C’est dans cette maison que le grand artiste Fernand Léger (1881-1955) découvrit la céramique. C’était au début des années 50, elle venait d’être achetée par Roland Brice, un ancien élève à lui, qui y fit installer un four de céramiste. Tout est resté en l’état – même la grande pièce-atelier dotée d’une baie vitrée sur deux niveaux. Du haut de la mezzanine – devenue aujourd’hui la chambre des Coville – Roland Brice projetait les dessins de Fernand Léger sur le mur pour les agrandir avant d’en faire des moules.
Pour la petite histoire, il dormait sur un matelas à même le sol et descendait de là-haut par une échelle de meunier – remplacé depuis par les Coville par un monte-charge miniature. Très vite, devant les possibilités de ce four – qui permet de cuire des pièces de deux mètres de long et 1,5 mètres de large – Fernand Léger s’engage dans la réalisation de reliefs monumentaux en plusieurs éléments. A partir de peintures ou de dessins fournis par l’artiste, Roland Brice réalise un modelage en terre rouge puis un moule.
C’est ainsi que Léger signera quelques compositions murales de grande dimension, comme « Les Femmes au perroquet » (2 mètres par 3), datant de 1952 et dont plusieurs versions sont conservées au musée Fernand Léger tout proche.
Né le 20 mars 1936 «dans une famille modeste» – son père est chef d’entretien dans une usine – Jacky Coville tient peut-être de sa mère, qui «achetait des châteaux, les retapait et les revendait» – son côté artiste. Ou alors, c’est le lieu de sa naissance – Sèvres, célèbre pour ses porcelaines et son musée possédant 50.000 céramiques du monde entier et de toutes époques – qui le prédestina à son destin de céramiste?
Toujours est-il que c’est «pour faire plaisir à ses parents», qu’il entreprend d’abord des études d’ingénieur. «J’ai épousé un ingénieur» dira plus tard Françoise son épouse. Et en effet, Jacky Coville travaillera dans le bureau d’études d’une usine d’aviation durant neuf ans. Déjà féru de peinture, il organise des expositions (dont une de Fernand Léger, qu’il admire) dans les sept usines du groupe Sud Aviation. Il a 28 ans quand il a l’opportunité d’acheter un four de céramiste, qu’il installe dans son jardin d’Aulnay-sous-Bois.
Il décide alors de se lancer, commençant par modeler de petits objets décoratifs avec l’idée de les vendre comme des petits pains.
Et tout de suite, «c’est la galère», les débuts ne sont pas si faciles que prévu, et le métier très dur. Mais il a donné sa démission et n’ose plus revenir. Le voila obligé de faire plusieurs métiers pour nourrir sa famille. Malgré tout, il persévère, poursuivant avec son épouse une «recherche sur les émaux», avec l’espoir de «retrouver le vert céladon des Chinois d’il y a 1000 ans». Soudain, miracle, ça marche, il vend quelques pièces à des collectionneurs. Encore aujourd’hui, il est fier de montrer ses «vases céladon de l’époque Song, ce céladon fruit de quatre années de travail!».
En 1971, il arrive sur la Côte, achetant un terrain à Coaraze, attiré «par le soleil et l’Ecole de Nice», cette mouvance artistique qui fait la réputation de la région. Avant de s’installer à Biot quatre ans plus tard, avec la chance incroyable d’acheter, en même temps que la maison où il vit encore à ce jour, un four de dimensions gigantesques ayant appartenu à Roland Brice, et dans lequel naquirent les célèbres céramiques … de Fernand Léger. Enfin un clin d’oeil positif du destin: Jacky Coville peut entreprendre de grandes pièces de deux mètres, oser la céramique monumentale.
C’est l’occasion aussi de trouver son style, qui reproduit en céramique ce qu’il aime en peinture, mélange de cubisme (Picasso, Léger, Braque, Miro) et de
Figuration Libre.
Se mesurer avec des pièces énormes et avoir le dessus
Un oeil, une bouche, voire des dents ou un sein. Un chat tigré et un drôle d’oiseau, une chenille géante. Une fière tulipe bien rouge ou juste quelques feuilles vertes qui se dressent vers le ciel … Et encore de hiératiques totems mi-hommes, mi-bêtes … Si la maison des Coville – une longue bâtisse blanche quelque peu usée par le temps au coeur du vieux village de Biot – n’a rien de remarquable, c’est le jardin qui est extraordinaire: là dorment en un joyeux désordre des dizaines de créatures imaginaires aux couleurs chatoyantes.
Pour inventer son univers fabuleux fait de créatures hybrides, Jacky Coville travaille comme un architecte, à partir de pièces cubiques et de couleurs primaires, déconstruisant et reconstruisant à sa façon corps humains et animaux. Timide mais volontaire et obstiné, persévérant malgré les coups durs, Coville aime par dessus tout se mesurer avec des pièces de dimensions énormes (jusqu’à 6 mètres de long) et avoir le dessus. Comme un défi qu’il se lance à lui-même, et même si cela est épuisant physiquement, d’autant plus que Coville fait tout tout seul, le dessin, le modelage, la cuisson et la recherche de nouvelles couleurs. Levé dès l’aube, il ne s’arrête jamais, travaillant encore douze heures par jour, et restant même 24 heures sans dormir à chaque cuisson pour surveiller son four.
Une de ses poétiques tulipes monumentales demande dix jours de modelage, deux mois de séchage et plusieurs jours de cuisson à 1300°. Une oeuvre gigantesque comme le Serpent de mer lui a pris … une année de sa vie! Heureusement, et bien que les céramistes soient bien mieux reconnus au Japon ou en Italie (où il a souvent exposé) qu’en France, Jacky Coville a acquis depuis lors une importante notoriété nationale.
On trouve ses oeuvres à Nice dans le jardin du Musée d’Art Naif et dans les jardins du Mamac, à Paris en face de la Bibliothèque François Mitterand et … sur la pelouse du Musée de la Céramique dans sa ville natale. Finalement, la plus belle des reconnaissances!