La notion de transport: missiles, projectiles en tous genres, palettes, déguisements, véhicules, histoire de l’art comme véhicule, art comme véhicule pour les idées et pour la poésie; javelots comme véhicules pour la mort.
La palette est dans ce travail la métaphore d’un véhicule capable de transporter des gens et des choses mais aussi des idées. c’est la métaphore de l’art. la palette-art est ce qui transporte les javelots, les soutient, mais c’est aussi ce qui nous protège, ce qui pointe les choses du doigt (rose) de l’artiste; c’est ce qui les met en scène. la palette-art qui montre qu’on fabrique la paix par les armes, en somme, une industrie de la paix par la dissuasion ou par la guerre. la palette-art qui remet de l’incertitude, du questionnement et de la poésie là où on ne l’attend pas. la palette-art qui est à la fois un mur, un bouclier et un territoire.
Dans son travail, le dialogue qu’il crée entre deux couleurs opposées et inséparables, entre le motif camouflage et le «rose LO-renzo», est à penser en parallèle avec sa démarche dialectique vis-à-vis de l’histoire de l’art dans laquelle il oscille perpétuellement entre une intégration (camouflage, filiation inversée des parentés) et une confrontation (identité voyante, personnalisation, «rose LO-renzo», couleur-étendard).
Ses thèmes les plus fréquemment explorés sont ainsi liés à des surfaces terrestres précisément délimitées et à leur défense, à une sorte d’état de guerre permanent, à l’entretien d’un territoire privé et protecteur, à la construction d’abris à l’échelle d’un corps. ils résonnent tous avec son désir ambivalent de protéger son identité…
Ici, peace factory met en oeuvre les éléments essentiels de son vocabulaire plastique et de sa posture artistique. cette pièce se déploie dans l’espace et reprend le motif du marquage (rose) d’un territoire, de la poésie et du travail purement plastique, de la symbolique du transport et du projectile. enfin, un regard ambivalent sur une situation ambivalente: la paix obtenue et maintenue par la guerre…
Cédric Vilatte (critique d’art commissaire d’expositions)