À propos des dessins d’Hanako Ninimiya
… Regarder est une chose ; voir en est une autre ; je dirais volontiers, sous forme de paradoxe, qu’il ne suffit pas de regarder pour voir, mais qu’à l’inverse voir ne dispense pas de regarder.
Le dessin d’HN n’est ni un « cadrage »au sens photographique, ni une « composition au sens académique ; il est, à chaque fois appropriation, dans un sens presque chorégraphique, de la page ;
C’est à dire invention, découverte même de l’espace de la page.
Cette découverte est toujours la conséquence ou l’effet d’une minutieuse observation.
L’œil en effet choisit, s’attarde, insiste ; ou au contraire élude, passe sous silence ; au gré de l’accident, de la rencontre contingente ; figure ou objet, détail de l’une comme de l’autre.
Mais jamais dans une perspective anecdotique. Le moindre fragment, dès lors qu’observé, engage, déclenche pour ainsi dire, ce que j’appellerais un fait d’espace ;
Dans sa double dimension sculpturale et architecturale.
Tel objet, une paire de ciseaux par exemple, est sans doute décrit ; mais au-delà, c’est tout l’espace de la page qui nous est révélé et qui nous apparaît alors comme étrangement familier
Dans sa nouveauté même.
Métamorphoses oui :
Du regarder au voir,
Du solide au fluide ;
Passages, déplacements de significations qui font toute la force et la singularité de cette série que nous propose H Ninomiya.
Gilles du Bouchet