Ancrée dans le village de Chaumont-sur-Tharonne et ses environs, au cœur d’un pays de vertes forêts criblées de clairières aux somptueux étangs, la Biennale de Sologne a deux ambitions : promouvoir à la fois les sculptures et les installations en paysage. Aux sculptures, elle offre un sol pour s’enraciner, aux installations, des pièces d’eau sur lesquelles flotter.
En délimitant ainsi deux vastes sites de création et d’exposition, elle s’inspire de l’histoire des lieux, de la geste de ceux qui les peuplent aujourd’hui.
Autrefois le pays de Sologne était couvert de marais insalubres où les souffles paludéens balayaient toute forme de vie. Pour assainir et vivifier ces terres marécageuses, les Solognots songèrent à séparer eau et terre. Ainsi, l’eau, collectée dans des étangs, fut rendue à sa pureté et put accueillir la vie, en devenant poissonneuse ; quant à la terre, elle fut boisée et devint giboyeuse.
En séparant ainsi la terre et l’eau, les habitants de la Sologne portèrent secours à la nature en l’aidant à reprendre ses droits : ils divisèrent la nature non pas pour y régner mais pour la laisser faire, renonçant à exploiter méthodiquement sols et rivières par l’agriculture et la navigation. Tel fut leur choix : diviser la nature pour la libérer. En suivant leur exemple, nous offrons aux artistes deux sites distincts de terre et d’eau, pour leur donner l’occasion de déployer amplement leur vivacité créatrice.
Matthieu Corradino
Philosophe, Commissaire d’Exposition du Jardin de sculptures
de la Biennale de Sologne 2015
Matthieu Corradino, philosophe et critique d’art, commissaire de la Biennale.
D’origine italienne, né à Bucarest, de parents architectes, designers et amateurs d’art, Matthieu Corradino commence des études d’architecture à Bucarest puis décide de s’installer à Paris en 1979. Il poursuit des études de philosophie et obtient son agrégation-doctorat. Depuis 1990, il exerce dans l’enseignement supérieur notamment aux prépas HEC. A Paris il retrouve ses racines avec l’art contemporain, fréquente avec assiduité les artistes, les galeries,. Il s’intéresse particulièrement aux artistes émergeants et est sollicité pour des écritures critiques et l’écriture de monographies.
Le thème 2015 : « l’invention de la nature »
La nature foisonnante de la Sologne est l’œuvre de la main humaine. Il y a moins de deux siècles, ses habitants ont décidé de drainer les eaux des terres marécageuses du pays, pour les assainir et les boiser. Depuis lieu est devenu un espace d’invention permanente : une invention qui a le double sens d’une création et d’une découverte.
Ici les hommes créent et recréent quotidiennement une nature expansive, presque envahissante, qui se découvre à eux sous un visage toujours nouveau.
Inventer la nature, c’est aussi la mission que peut se donner l’artiste.
Sans doute pourrait-on dire que, pour l’artiste, inventer la nature, ce n’est pas seulement marquer la nature du sceau de ses idées personnelles et de ses libres décisions mais aussi découvrir et explorer les résonances de l’humain dans les règnes animal, végétal et minéral, pour les exhiber dans des œuvres.
Le partis-pris artistique de l’harmonie à la discorde
Pour cette première Biennale, au parc du château de La Motte Gaullier, carte blanche a est donnée à des artistes qui proposent des installations aussi bien que des sculptures.
Le parc offre deux zones distinctes : l’une, située devant le château, que l’on pourrait appeler Jardin d’harmonie, est un lieu où la nature s’invente à travers l’homme, avec des artistes qui sont à son écoute et qui en prolongent les mouvements : Faz, Xavier Dambrine, Michel Gouéry, Julie Legrand, Lionel Sabatté, Yannick Vey, Gretel Weyer, Tatiana Wolska.
L’autre, le Jardin de la discorde, est une vaste prairie située derrière le château où la nature devient l’objet de l’invention humaine, où les artistes dénoncent la mainmise de l’homme sur la nature, sa volonté de la marquer du signe de sa puissance : le duo Art Orienté Objet, le collectif Culbuto, Damien Deroubaix, Vincent Ganivet, Christophe Gonnet, Vincent Mauger, Florian Pugnaire et David Raffini, Xiaofan Ru, Brigitte Zieger.
15 sites :
Marcilly-en-Villette, parc communal
La Ferté Saint-Aubin
Château du Lude
Ligny-le-Ribault / Galerie Clarus
Villeny / Maison du cerf
Yvoy-le-Marron / Etang communal
Chaumont-sur-Tharonne / Etang communal route de Saint Viâtre
Lamotte Beuvron / Etang – Canal
Chaon / Maison du Braconnage
Villebourgeon / étang du Château
Villebourgeon / percée en face du Château
Dhuizon / Fontaine
Neung-sur-Beuvron / sur le Beuvron|
Saint Viâtre / Etang de la Ville
Saint-Viâtre / Etang de pêche
Marcilly-en-Gault
Salbris / La Sauldre
Nancay / Galerie Capazza
Nancay / Parc communal
Romorantin-Lanthenay / La Sauldre
Mennetou-sur-Cher /galerie Artkos