Certains livres n’en sont pas.
Pour autant, ils ont des histoires à raconter.
Ces récits relèvent du sensible plutôt que de l’intellectuel : la page de l’éphéméride qui résiste, se déchire, se tasse dans le poing et rejoint dans la poubelle les épluchures de légumes du velouté de la veille ; les reflets des couleurs du nuancier, projetés sur les ongles qui les manipulent, irisant les cuticules et baignant déjà, par anticipation, la buanderie qui sera bientôt le nouveau bureau ; le frottement de la peau molle des doigts contre la nervure sèche des feuilles ramassées en forêt, dont les arborescences redessinent les racines et les branches des arbres qui les ont portées autrefois ; l’excitation liée au secret d’un objet dissimulé dans la cavité d’un faux livre, dont la seule existence suffit à faire battre le cœur un peu plus vite.
Du codex, Louise Aleksiejew ne retient finalement que la forme, interrogeant ainsi les processus de construction des connaissances telles qu’elles sont inscrites dans l’objet matériel et ses manipulations plutôt que dans la littérature même.