Plusieurs routes m’ont mené jusqu’à la barre HLM du quartier des Rottes de Vendôme, destinée à la destruction.
A l’initiative des animateurs du Centre Culturel, de David, éducateur, et de la Mairie de Vendôme, les appartements vidés se sont vu réinvestis par des graffeurs, peintres et tagueurs, avec la complicité des habitants.
A coup de peinture, ils ont livré un regard sincère et concerné, nourri d’interrogations sur la planète, le monde animal, le vivant… Cela a donné Etat des Lieux, que le public a pu découvrir à l’occasion de portes ouvertes.
Plus tard, enfermé à plusieurs reprises entre ces murs, j’ai collecté les messages cryptés d’un collectif éphémère s’ouvrant à d’essentielles questions.
Ils m’offraient là un point d’ancrage pour témoigner du monde et de sa mutation, une tour sentinelle, un laboratoire de l’anthropocène, ce concept décrivant la période où l’activité humaine a laissé une trace indélébile de sa présence sur terre, un impact irréversible sur l’écosystème.
C’est ici, dans cet édifice voué à l’effondrement, que j’ai lentement et maintes fois voyagé autour de la terre et observé leur désir d’un monde plus juste.
J’ai recadré des cadres déjà serrés et tenté de collecter l’universel sur un territoire microcosmique à l’échelle de la planète, pour un éloge de la lenteur et de la décroissance…
Mat Jacob
Mat Jacob
Co-fondateur en 1991 du collectif de photographes Tendance Floue, Mat Jacob affirme une grammaire de l’image plurielle à travers le croisement des genres et des pratiques photographiques.
Sa série Chiapas, Insurrection zapatiste au Mexique s’inscrit au coeur d’un travail documentaire et humaniste, mené durant plus de vingt ans.
Elle a fait l’objet d’une parution dans la collection Photo Poche aux Éditions
Actes Sud et un prix au World Press Photo.
Actuellement, il crée Zone i, au Moulin de La Fontaine sur les rives du Loir, un « laboratoire » consacré à l’image et à l’environnement.