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Du 07 au 28 Fév 2015

Vernissage : 07 Fév @ 17h00

La présence des invisibles, Pascal Laloy

28 Eure-et-Loir

Adresse :

5, rue du Päty 28400 - Nogent-Le-Rotrou

Plus d'infos

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Dimanche 15/02 de 15h à 17h à la Galerie In Situ : conférence et échanges.
« Il y a-t-il une place pour le portrait à l’ère du numérique? »
Par Adeline Malfon, professeur agrégé d’arts plastiques au Collège Arsène Meunier de Nogent-le-Rotrou.
Entrée libre
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Quel rapport entretenez-vous avec les Arts plastiques au quotidien?
Est-ce qu’Internet joue un rôle dans votre art ?
La peinture est mon quotidien. Isolement chaque jour dans mon atelier pour chercher, creuser, s’immerger dans la matière.
Je ne pense pas qu’Internet ait un grand rôle dans ma pratique. Il est vrai qu’un site est un outil non négligeable pour donner une idée de ce que l’on fait, ou découvrir ce que font les autres. Mais pour moi, Internet reste juste un moyen et non une fin.

Avez-vous des préférences, arts plastiques, musiques, poésie ou autres ?
J’aime avant tout la peinture, de préférence expressive, chargée d’une énergie singulière. Une force, une fragilité, une sensibilité particulière. J’aime la peinture qui me parle de peinture et aussi de la personne qui l’a faite. J’aime en général les œuvres déglinguées et tendues, qui parlent d’abord à mon corps -et seulement ensuite à mon cerveau- comme la poésie de Charles Pennequin ou celle de Julien Blaine. Finalement je crois que je préfère la tension sourde à l’énergie pure, au mouvement. La menace d’explosion à l’explosion elle-même.
Et j’aime le cinéma. Cassavettes, Pialat

Votre premier choc (ou le plus grand) face à une œuvre ?
Découverte de l’art à la faculté d’arts plastiques. L’art m’est entré dedans en accéléré. C’était à la fois jouissif et déroutant. Première expo : Matisse à Beaubourg. La simplicité, l’efficacité, la fluidité, la taille des toiles… J’ai été frappé par toutes ces possibilités insoupçonnées.
C’est peut-être là que tout s’est imposé. Même si je me sens aujourd’hui assez éloigné de Matisse.
Plus récemment, j’ai été particulièrement marqué par l’expo de Francis Bacon à Madrid, en 2009.

On va entrer dans une partie plus technique : Quels sont vos matériaux, supports et outils de prédilection ? Vous avez choisi l’acrylique, pouvez-vous nous en toucher un mot ?
Je travaille sur toile, tendue et à la verticale, plutôt en assez grand format. J’utilise des grosses brosses, des éponges, des raclettes de maçon, et tout ce qui me passe sous la main. Mais depuis peu, des petits pinceaux ont fait leur apparition dans mon atelier. Des trucs de peintre, un peu précieux. Il y a un risque à les utiliser : perdre l’énergie, perdre l’implication du corps, peindre avec ma tête. A utiliser avec modération.

Pour ce qui est du choix de travailler à l’acrylique, il est simple : séchage rapide pour travailler en couches successives.

Comment s’organisent vos journées en atelier ? Votre art se développe autour de la figure humaine : Etes-vous un artiste «obsessionnel » ?
Obsessionnel, oui, sans doute. Les petites têtes que je dessinais partout sont toujours là, agrandies sur les toiles.
Mes têtes, ces figures humaines que j’appelle des idées d’hommes sont le cadre, la raison et le but de ma peinture. Mais ce n’est pas un choix. J’aimerais pouvoir expérimenter en dehors de ce cadre. Et atteindre l’abstraction. Mais je ne suis pas prêt et ne le serai peut-être jamais.

Figuration ou abstraction ? Dessins ou couleur ? Démarche traditionnelle ou contemporaine ? Est-ce que ce sont des questions si se posent encore à vous?

Ce sont les questions essentielles.

Figuration / abstraction
Sur une même toile, j’ai besoin de cette figuration, qui organise la peinture, et besoin de la peinture elle-même, qui impose ses qualités plastiques, sa présence simple, pure. Pour moi, le trio peintre-figuration-matière est un ensemble qui doit s’équilibrer parfaitement : si l’un des trois gagne, c’est au détriment des 2 autres et il embarque tout le monde vers le naufrage. Il est donc pour moi primordial de laisser toujours une place à l’expérimentation, à l’accident, pour éviter la mollesse d’une figuration sans surprise.
La peinture doit m’imposer ses particularités propres, je dois faire avec elle , jouer avec elle, et faire en sorte de ne pas perdre ses qualités pré-existantes.

Dessins / couleur
Pour moi, une peinture ne peut pas être une mise en couleur d’un dessin.
Dans mon cas, peindre est une manière de façonner la matière, presque plus proche de la sculpture que du dessin.
Le dessin est pour moi une sorte de prise de notes.
Mes couleurs sont restreintes, souvent un peu « sales ». Je suis plus à l’aise avec un jeu de diverses tonalités d’une même couleur qu’avec des plages colorées très distinctes.

Démarche traditionnelle / contemporaine
Les deux, sans doute. La peinture est un médium traditionnel. Peindre, qu’on le veuille ou non, c’est s’inscrire dans une continuité, avec un bagage assez lourd à porter. Mais on peut se confronter à cet héritage pour mieux le triturer, le malaxer, le transformer et atteindre quelque chose de personnel.
Difficile de définir la démarche contemporaine de la peinture actuelle en générale. Peut-être que cette peinture est plus frontale, plus prosaïque, moins allégorique que la peinture ancienne.
Je n’en sais rien. Pour ma part, j’ai commencé à peindre des poupées, à faire en somme des représentations de représentations du corps. Je pense que mes figures, mêmes si elles sont aujourd’hui plus proches du corps humain, n’en sont pas moins vides, comme débarrassées d’une intériorité qui, par essence, ne pourrait les embarrasser puisque qu’il ne s’agit que de corps peints. Proposer des carcasses. Du temps infini et indéfini. Des absences de regards. Pour peut-être pouvoir s’y projeter. Ou y déceler des vanités. Ce qui nous renvoie à la peinture traditionnelle…

L’art est-t-il le reflet de votre pensée ou son contraire ? Collectionnez-vous ?
Je ne sais pas si je comprends bien la question. Il me semble que ce que je fais en peinture est en accord avec ce que je suis. Mais c’est la partie non dicible, ce n’est pas une pensée, ni même son reflet. Juste la trace d’un acte physique et sensible.
J’aimerais vivre au milieu de peintures d’artistes divers mais je n’en ai pas les moyens. Mais au fond, j’aurais peur de trouver une place idéale pour chaque chose et ne plus oser les bouger. Cela deviendrait peu à peu des objets morts, décoratifs. Je crois que les objets d’art sont faits pour se déplacer, trouver par hasard des résonances…

Un ou plusieurs artistes qui résonnent en vous en l’état actuel des choses?
J’apprécie énormément de peintres, du Caravage à Rustin, en passant par Velázquez, Rembrandt, Soutine, Music, Reyberolle, Baselitz…Et toute la jeune génération qui creuse la peinture avec ses tripes, comme par exemple Vialle ou Sagazan.

(…)
Entretien par Fédérico Alagna (2010)

Informations pratiques :
Galerie ouverte les vendredis et samedis de 15h à 18h
Entrée Libre