La borne est un dispositif de monstration singulier. Ce drôle de container est à la fois espace de mobilité et espace de métamorphoses. J’ai souhaité que ces deux caractéristiques essentielles du contenant trouvent un écho dans le contenu de l’installation que je présente.
Espace de mobilité Le sol est généreusement recouvert de fibres de calage. «Idéal pour emballer, protéger et valoriser» énonce l’argumentaire de vente. L’usage de ce matériau est lié à la protection de ce qui est fragile et aux déplacements.
Ainsi disposée, la fibre bleue évoque l’eau. L’eau est aliment vital commun à tous les êtres vivants. L’eau est le lieu de toutes les genèses. Elle génère la vie. L’enfant sort des eaux matricielles de la mère comme la vie grouillante émerge des mares après la pluie. Evoquer l’eau, c’est évoquer les eaux: pluie, rivière, lac, mer, mais aussi brume, neige, glace… Par cette capacité de transformation, l’eau symbolise la formation de toutes formes.
La fibre de calage facilite les transports … même amoureux. L’œuvre présentée suggère le lit d’un cours d’eau qui met en scène l’origine du monde.
Espace de métamorphoses La borne voyage et se métamorphose. Elle dévoile un nouveau visage à chaque étape de ses pérégrinations. Ici, sous les auspices lumineux d’une pleine lune, elle est le théâtre d’un étrange paysage aquatique nocturne.
Cette nouvelle mutation rend hommage aux têtards, membres méritants d’une faune modeste qui se raréfie. La métamorphose du têtard en grenouille rejoue l’origine de la vie sur terre passant progressivement du monde aquatique au monde aérien. L’ontogenèse rejoint la phylogenèse: nuit des temps, nuit des têtards.
La nuit des têtards s’offre au passant comme un doux espace de méditation, un hymne à la vie et une attention portée à sa fragilité …
Il était une fois Il était une nuit Une nuit d’étang La nuit des temps.