En ayant une approche minimaliste et sculpturale de la couleur, je m’attache aux éléments fondamentaux de la peinture, à savoir : sa matière, la couleur, le trait, lumière, et par extension l’espace et le temps.
Dans cette série dénommée Horizons, la toile est prise dans le sens vertical et deux rectangles de mêmes dimensions sont juxtaposés dans leur horizontalité. Leur superposition dessine une ligne médiane en creux. De chaque côté, la peinture a été coulée puis poncée et l’opération itérée plusieurs fois. La notion de temps est introduite doublement : à la fois dans la stratification des couches, mais aussi à travers l’image du temps qui s’écoule à proprement parler. La peinture coule alternativement dans un sens, puis dans l’autre, à l’instar du sablier qui mesure le temps.
Ainsi, la couleur sera plus claire au centre de la toile, clarté plus moins accentuée avec le ponçage. Ce traitement sculptural de la surface donne de la profondeur à l’image bidimensionnelle en faisant apparaître un halo lumineux à la jonction des deux rectangles. Au gré des déplacements du spectateur et de l’environnement, l’intensité lumineuse est modifiée.
Pour cette exposition, je n’ai utilisé que deux tons de bleus, faisant référence au nom de l’association (Le pays où le ciel est toujours bleu). En modulant les paramètres de pigmentation de la couleur et du ponçage, ainsi que le nombre de couches passées, les Horizons obtenus sont de différentes intensités. Chaque toile fonctionne comme élément d’un tout, mais aussi de façon autonome. Au mouvement vertical du tableau répond un mouvement horizontal.
Cette proposition met en exergue un système de relation proche de la pensée d’Héraclite où les éléments antagonistes forment un tout : mouvement/statisme, horizontalité/verticalité, haut/bas, unité/tout.