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Du 03 Sep au 04 Oct 2020

artiste ⇔ œuvre ⇔ exposition, Fred Guzda

Catégorie :

37 Indre-et-Loire

Groupe Laura – revue LAURA invite Fred Guzda

Organisé par :

Eternal Network, Groupe Laura

Adresse :

Octroi nord-est, Place Choiseul 37000 - Tours

L’ensemble des travaux conceptuels s’appuient de près ou de loin sur ce protocole de Lawrence Weiner établi en 1969 : « L’artiste peut réaliser la pièce ; la pièce peut être réalisée (par quelqu’un d’autre) ; la pièce peut ne pas être réalisée. Chaque proposition étant égale et en accord avec l’intention de l’artiste, le choix d’une des conditions de présentation relève du récepteur à l’occasion de la réception ».
Ici, c’est peut-être « la pièce peut ne pas être réalisée » qui importe le plus.
La question est de savoir pourquoi, jusqu’où et dans quel horizon artistique un projet peut faire œuvre au même titre qu’une réalisation concrète selon les modalités classiques ou actuelles d’expressions artistiques.

Pourquoi ? d’abord une méfiance à l’égard du lien moderne forme / expression par lequel une histoire de l’art pourrait être établie comme histoire de conflits, de luttes, de résistances et renaissances jusqu’à « l’assujettissement [complet ?] philosophique de l’art ».

Se tenir en retrait, dans un angle mort face à cette situation n’est pas dénué de sens… au contraire même. Ni formalisme, ni expressionnisme, l’art conceptuel de Fred Guzda se tient sur une ligne singulière dont les ressorts sont à puiser dans le vaste ensemble des études doctorales accomplies par l’artiste, de ses interventions / conférences prononcées et des quelques propositions plastiques auxquelles il a parcimonieusement donné une existence réelle. L’ensemble de ses documents universitaires, publications et travaux personnels sont présentés dans l’exposition dont sa thèse : L’Au(c)torité de l’artiste et ses paradoxes.

Jusqu’où ? D’abord les impasses de l’art conceptuel lui-même ; Fred Guzda connaît bien cette histoire et, dans le cadre d’une analyse des propositions de Art&Language, soutient volontiers que l’art conceptuel est une pratique, jusqu’à présent, ne parvient pas à répondre à ses propres principes historiques.
Quels sont-ils ? Que l’œuvre d’art est bien autre chose que l’objet d’art. Ce constat, qu’ils tirent d’une très longue histoire de l’art imposent des conséquences qu’ils ne parviennent pas à tirer. De la même manière que la définition du beau chez Kant est toujours mal interprétée, de même également les prétentions secrètes du cœur de tout artiste conceptuel, et de tout commissaire qui s’y engagerait, demeurent vouées à un échec qui ne dit pas son nom. Il a pourtant nom que l’on peut paraphraser du célèbre tableau de Magritte La trahison des images : ici, la trahison des origines.

Dans quel horizon ?
D’abord celui d’un lien avec l’œuvre de l’artiste Édouard Levé.
L’exposition présente la quasi intégralité des textes critiques rédigés autour de l’artiste décédé en 2007. Ainsi Fred Guzda pense une corrélation avec Œuvres d’Edouard Levé, paru en 2002, et poursuit d’une certaine façon cet exercice de substitution, littéraire et philosophique, du projet à sa réalisation concrète, de la présence réelle de l’artiste à l’ensemble ses signes et indices produits sur lui et son œuvre.

Enfin, comme une sorte de « testing » tragique de l’art conceptuel, la proposition de Fred Guzda explore les possibilités d’un art conceptuel qui assume ses impasses. Oblomov et Bartleby sont là, eux aussi, en filigrane. Ils se tiennent là, juste au-dessus du vide, à proximité du néant… dans la lumière éclatante de la suspension du geste et de la décision, dans le refus de faire autorité.

Jusqu’où un projet, une ébauche d’œuvre, une réalisation avortée peuvent-elles faire œuvre ? Ne pas faire ; ne pas tout à fait faire ; amorcer sans achever… peuvent-ils entrer dans le cadre d’une monstration ? N’est-ce pas inviter à une forme de prudence ? A contre-courant des affirmations et revendications, l’art conceptuel de Fred Guzda expose la φρόνησις (prudence) comme vertuprudence) comme vertu actuellement indispensable de toute expression artistique.

Le fil de l’exposition est donc bien celui-là : qu’y a-t-il à voir ? qu’est-ce qui est montré ?
Quel parcours est proposé ? Rarement on aura mis autant l’accent sur la célèbre formule de Duchamp à propos du rôle du regardeur ; rien n’allant de soi, que proposer et pour quelle réception s’interroge Fred Guzda ?
A la responsabilité partagée correspond une prudence partagée.
Compilations, recensements, déclinaisons, variations, appartiennent au lexique de Fred Guzda, mais conjointement dans cet horizon du hasard de la rencontre et de l’affinité élective. Alors montrer des œuvres aujourd’hui, quand la démarche tente une expérience conceptuelle, n’est-ce pas proposer une sensibilité de l’absence, une sensualité de l’idée, une émotion du vide ?

Jérôme Diacre

Fred Guzda

Diplômé des Beaux-Arts de Paris et docteur en Esthétique. Il intervient régulièrement dans des colloques européens et publie dans des ouvrages collectifs et revues : Marges, Convergences, Spécimen, L’image trompeuse, Laura, Nouvelle Revue d’Esthétique…

Revue LAURA

Depuis 2006, la revue Laura offre un ensemble de propositions plastiques et de textes critiques autour de la création contemporaine. Arts visuels, performance, danse, cinéma documentaire et expérimental, histoire de l’art, philosophie… sont largement représentés par des artistes et des auteurs de tous horizons.
28 numéros construits avec de jeunes créateurs et auteurs qui renouvellent les perspectives sur la recherche de nouvelles formes et sur les questions actuelles qui traversent l’ensemble des activités culturelles et des questionnements universitaires.
La revue est diffusée dans toute la France et s’adresse aux étudiants et aux acteurs du monde de l’art. Revue d’art plus que revue sur l’art, elle permet à tous les lecteurs d’entrer de plain pied dans la création la plus actuelle.

Groupe LAURA – revue LAURA bénéficie du soutien de la DRAC et de la Région Centre Val de
Loire et de la Ville de Tours

Infos pratiques

Tarifs

Entrée libre