Fabrice Rebeyrolle ne peint pas les fleurs : il les invente.
Parfois multiples, elles ne déposent pas les armes. Elles irradient, leurs pétales ne se détachent ni du ciel ni des astres.
Pourtant liées à la terre, leur force est telle qu’elles dépassent toute toise.
Elles inventent cette mesure mortelle que les couleurs déploient.
Les directions suivies se rejoignent en un point du temps : elles durent, se métamorphosent et nous les regardons, muets.
Toute parole romprait le charme établi.
Parfois solitaire, la fleur, devenue astre d’une constellation onirique, devient la référence unique, ultime, l’ancrage nécessaire qui, entre ciel et terre, matérialise l’union entre nos racines mortelles et notre aspiration à l’éternité.
Par la grâce de cette apparition, le peintre endosse notre humanité fragile et tenace et révèle notre capacité à naître et fleurir encore.
Les immortelles éperdues de Fabrice Rebeyrolle
Les pétales mortels se détachent un à un de l’ombre pour s’inscrire, par la main du peintre, dans un espace secret. On dirait que la cendre, devenue matière du monde, garde un souvenir plus matériel que l’immortelle.
Fabrice Rebeyrolle n’attache pas la fleur au cercle terre, elle jaillit, ton sur ton, d’une cicatrice qu’il rend visible en creusant dans la toile.
Parfois fleur tombale d’un cimetière dont la vie végétale se fige, un nom pourrait animer cette fleur qui tient par le miracle d’une suspension grise sans âge. Elle garde le mystère de la porte du monde auquel elle ouvre.
Parfois fleur céleste, elle préserve l’essence d’une couleur qu’elle incarne, vacillante et dressée. Le destin pèse sur elle autant qu’il libère les forces vives de la métamorphose d’un temps fragile.
Fabrice Rebeyrolle unit dans son geste la fleur et la grâce : il détient des formules de peintre qu’il n’applique pas. Il invente. À mesure. Il gratte, il recouvre –il enfouit. Il réunit les contraires afin qu’une seule chance soit donnée, ici, pour naître fleur. Ce n’est pas une énigme mais une émergence (une révélation ?).
Elle ne fane pas, la fleur de pierre. Elle offre sa texture minérale à celui qui la fixe, elle sombre à chaque lune nouvelle pour paraître plus immobile dans son sacre de toile.
Fabrice Rebeyrolle ne la peint pas, il allie dans un geste sûr la poussée fragile et la permanence de nos rêves ainsi préservés du passé. Ce n’est pas une tombe, ce pourrait être ce qui survit, ou bien ce qui deviendra, multiple, foisonnant pour demain dans une autre floraison qui ranimera le végétal attrait de sa parure.
La fleur de pierre naît d’une fracture majeure sur la toile. Des échardes s’agrippent à la feuille… De la faille, de l’abîme dont les couches successives ont provoqué la naissance, l’immortelle jaillit. Le lien entre la terre et le ciel n’a jamais été rompu.
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