La réalité augmentée est une combinaison de technologies qui permet de visualiser via son téléphone portable, des lunettes, un système de vidéoprojection, son environnement « augmenté » d’informations textuelles, d’images ou encore d’animations en 3D.
Cette capacité technologique à pouvoir disposer d’un surcroit de données relatives à un contexte semble aujourd’hui un avantage indéniable dans un monde de plus en plus complexe et « productif » mais il synthétise tout à la fois notre perception à un univers réduit à quelques milliers de pixels reliés à des bases de données aux contenus prêtant à questions.
Le temps passé quotidiennement à manipuler des quantités diluviennes d’informations et d’images à travers des interfaces numériques, qu’elles soient ludiques ou destinées à un usage professionnel, nourrit indubitablement notre paysage mental et plus globalement la noosphère en tant qu’espace de pensée à l’échelle de la planète. Ces contenus « virtuels » « s’actualisent » ainsi lorsqu’ils sont affichés sur un écran ou sont diffusés sur des enceintes et prennent alors vie comme constituants de nos réalités. Notre écosystème est d’autant plus riche qu’une grande diversité de façon de percevoir et d’interpréter la réalité cohabite et se confronte. Comment ces « augmenteurs » numériques vont-ils contribuer à façonner nos orientations et nos envies profondes ?
Ces dispositifs posent bien évidemment des questions éducatives, en lien avec l’éducation au multimedia et aux outils numériques. Les enjeux autour de la culture et de la connaissance se « digitalisent » à l’image de la bataille autour de la numérisation des livres ou le passage de la télé branchée sur le réseau, ils se déportent progressivement vers un secteur marchand toujours prompt à jouer le role de prescripteur.
Dystopies ou réalités augmentées ? La dystopie comme forme de fiction se déroulant dans une société imaginaire à la fois proche de nos réalités mais sous tendue par des contours idéologiques inquiétants nous pousse dans le futur radieux du « Meilleurs des mondes » d’Aldous Huxley dont le frère fut pour beaucoup dans l’avènement de ce que l’on appelle aujourd’hui le transhumanisme. Les multiples réalités que chacun traversent de plus en plus vite sont aussi appelées à s’augmenter d’autant de rencontres et de collaborations, d’échanges et d’émotions, à nous d’en construire ?