Céline Tuloup présente une version inédite de l’installation Errances.
Sur une bâche en plastique bleue, des scènes maritimes sont brodées en blanc telle l’écume sur la mer. Allant du radeau au trois-mâts, ces embarcations semblent naviguer sans but apparent. Plusieurs époques se croisent sur un même plan. On retrouve ainsi des scènes, issues du Moyen-âge ou de la Renaissance côtoyant des embarcations de migrants surgies de notre époque contemporaine. Les bateaux se frôlent sans jamais sembler se rencontrer. Ils apparaissent comme des traces laissées tout au long de notre histoire.
Des maquettes de bateaux peintes en blanc sont suspendues dans l’espace et font écho aux scènes brodées sur la bâche. Elles renvoient aux ex-voto dédiés aux marins que l’on peut rencontrer dans certaines églises. Ceux-ci sont soit offerts, pour se placer sous la protection divine, soit donnés en remerciements par des marins à l’occasion de périls encourus en mer. Ces maquettes reflètent l’incertitude quant aux destinées de ces traversées.
Une fois la nuit venue, l’installation prend d’ailleurs des allures fantomatiques. Les maquettes et les broderies de bateau deviennent phosphorescentes soulignant par delà la question des réminiscences de l’histoire et des tragédies vécues en mer.
Errances est un ode au voyage, au désir de découverte de nouvelles contrées dans l’espoir d’une existence meilleure ou d’une nouvelle vie. Cependant la terre promise ici se fait absente. Si elle apparaît, c’est en creux. Un planisphère (Eldorado) est en effet découpé dans une couverture de survie. Cette protection utilisée dans les situations d’urgence se révèle à la fois précaire et vitale. En référence à la contrée mythique supposée regorger d’or, la terre promise ici n’est qu’un mirage. Elle se fait absente. Si elle apparaît, c’est en creux. La couverture de survie semble en effet rongée.