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23 Mar 2015 @ 17h15

Du paysage sociétaire comme entrelacement de désirs

18 Cher

Conférence de Florent Perrier et quelques fragments d’un film-en-cours : LE SOUS-SOL ACTIF à partir d’une idée de Simone Debout.

Adresse :

7, rue édouard-branly 18006 - Bourges

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Sur les milliers de pages de ses Œuvres où abondent les réflexions sur l’urbanisme ou l’architecture, l’utopiste Charles Fourier en a consacré fort peu à la question du paysage, à peine trois courts chapitres.
A partir de ces maigres paragraphes, il est pourtant possible de restituer le fonctionnement d’une économie lacunaire fondée sur les trous, les manques, les bords ou les lisières, condition d’un entrelacement passionnel des désirs caractéristique de l’Harmonie.
Ou comment la figure méconnue des jardiniers sociétaires, luttant notamment contre les détériorations climatiques ou contre les clôtures et bastions civilisés, féconde une vision sensible de la terre en nouvel Eden des plaisirs.
socle

Florent Perrier, docteur en esthétique et théorie des arts, est chercheur associé à l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC) et aux archives Walter Benjamin de Berlin.
Auteur de nombreux articles et d’éditions scientifiques d’ouvrages (il est notamment co-responsable de l’édition critique intégrale des Œuvres et inédits de Walter Benjamin en français), il vient de publier Topeaugraphies de l’utopie — esquisses sur l’art, l’utopie et le politique (éd. Payot, coll. « Critique de la politique »).
Son prochain essai qui a pour motif Walter Benjamin Charles Fourier, l’utopie sauve s’intitule phalanstère W et fera l’objet d’un séminaire à la librairie Le Livre à Tours, d’avril à septembre 2015.
Pour en savoir plus : topeaugraphiesdelutopie.fr

Le sous-sol actif, fragments d’un film-en-cours
Il s’agit de présenter quelques fragments d’un ensemble des rushes issus des rencontres avec Simone Debout, mais aussi des tournages autour du film qu’elle imagine et que nous avions commencé à imaginer à notre tour avec elle et un ensemble d’étudiants-es de l’école dont : Thomas Guillot, Justine Tirroloni, Simon Tilche, Maude Soubeyrand et Marine Lahaix.
Un de ces tournages a convoqué plusieurs étudiants de l’actuelle 2e année de l’école également. Simone Debout est une ancienne chargée de recherches au CNRS qui a consacré plus de trente ans à éditer les Œuvres Complètes de Charles Fourier 1966-1968, éditions Anthropos. Le projet, complexe, de Simone Debout, est de redonner une actualité au « mouvement passionnel », « essentiellement hors de soi » selon l’utopiste Charles Fourier, mais il entend poser « ses questions » au présent.
Elle propose d’aborder une vue neuve des passions, « non plus subies, mais transformées en pouvoirs actifs de réception débordant tous les clivages traditionnels ».
Elle imagine de confronter Fourier à Sade, à une pensée du repli sur un soi seul, issue d’un enfermement forcé, confrontation entre un Fourier et un Sade séparés d’à peine vingt ans dans le temps…

[1] Installé en 1899 Place Clichy à Paris, le socle d’une statue en bronze de Charles Fourier est resté vide plus de soixante-sept ans. En application d’une loi de Vichy de 1941, la statue fut enlevée en 1942 pour être fondue comme bien d’autres pour « assurer l’approvisionnement en métal de l’industrie de guerre nazie ». L’oeuvre était de Jean-Emile Derré, sculpteur aux convictions anarchistes et pacifiste convaincu mais au réalisme banal qui sombre peu à peu dans une dépression chronique et se donne la mort en 1938.
La statue avait été dressée là à l’initiative du Comité pour la statue de Fourier et après des années d’effort pour recueillir des fonds nécessaires.
On lisait sur son socle :  » Charles Fourier révélateur des lois de l’harmonie universelle par l’association intégrale 1772 -1837″.
La plupart des statues enlevées et fondues ont été remises, ainsi celles des généraux, des vainqueurs, des conquérants, mais pas celle de Fourier, utopiste qui ne plaisait guère aux idéologues de la Révolution Nationale du Maréchal.
Une première tentative de ré-installation a eu lieu en mars 1969. Un petit groupe de l’avant-garde situationniste posa sur le socle vide une réplique de la statue en plâtre, couleur bronze. Une plaque indiquait « En hommage à Charles Fourier, les barricadiers de la rue Gay-Lussac ».
L’utopiste de plâtre fut enlevé quelques jours après sur ordre de la préfecture. Trente-huit ans après les Situationnistes, une deuxième tentative fut celle du «collectif aéroporté» en avril 2007 qui installe non une statue mais une cabine vide qui ne fait que souligner l’absence de Charles Fourier. Un escalier métallique monte à la cabine de verre, invitant les passants à s’y installer.
En 2011 La Quatrième Pomme, grande pomme en métal sur laquelle est gravé un planisphère dont les lignes ont été adaptées à la forme du fruit, de l’artiste Franck Scurti est placée sur le socle vide en réponse à une commande publique de la ville de Paris.

Informations pratiques :
Séance exceptionnelle ouverte au public
SALLE D’ECOUTE de l’Ecole nationale supérieure d’art de Bourges

Ciné-club – Manières de faire
Sur une proposition de Alejandra Riera