Les mots de Roland Barthes qualifieraient très justement le travail d’Eric Provenchère sur une certaine « tactilité de la matière » où couleur, densité, résistance et fragilité entrent en interaction. Matière, lumière et couleur qui sont au cœur de la démarche de l’artiste demeurent indissociables les unes des autres.
Le peintre use pour plusieurs de ses ensembles tels que les Margelles, les Tablettes ou les Lierres d’une pâte composée de liant, de silice et de pigments.
L’amalgame en œuvre chez Provenchère est un mélange dense, malléable dont la pleine intensité des couleurs ne se révèle qu’au séchage.
Vivante et non figée, sujette à réaction et transformation, cette « matière molle » est un solide élastique favorisant une approche optique et haptique des œuvres.
Cette appréhension du matériau prédomine également dans les Massifs où touches de pastel gras et de bâton d’huile y sont apposées tout en souplesse.
Chez Provenchère, les couleurs se superposent mais ne se mélangent pas.
Les empâtements ou aplats colorés des Tablettes conjuguent épaisseur et transparence, la lumière s’accroche ou bien glisse sur les différentes strates de couleurs tandis que la matière semble comme en apesanteur dans les Lierres où le support se fait oublier à son profit pour accentuer davantage le caractère organique de l’œuvre.
Extrait du texte de Karen Tanguy