Tout d’abord, il y a le travail avec le modèle.

Le modèle pose, fige une attitude, pour peu de temps…il y a urgence de saisir l’instant, de ne pas laisser échapper ce sentiment fugace que nous sommes tous pétris d’une même humanité.
Mes outils sont simples : du papier, des fusains et de la peinture. La couleur n’est pas ici ma motivation première. Peut être juste sert-elle à la présence d’un mouvement, d’une énergie qui vient effacer le contexte pour se confondre avec la forme. Le corps de l’individu qui pose devient alors ce corps qui parle, qui parle de nous, de notre condition humaine…

Le contexte vient ensuite, de manière diffuse, s’appuyant sur un ressenti, une intuition. Je cherche alors dans mes « papiers /corps », lequel peut correspondre à ce que je pressens de la narration à venir. Une fois le corps sélectionné, le choix du format peut se faire et la composition démarrer.

Dans « La trilogie de l’homme-oiseau », le corps n’est plus juste un corps humain. Il y a une tête d’oiseau, posée comme par oubli. Par sa présence le corps devient hybride et nous amène à traiter du rapport entre réel et imaginaire non en temps que couple de contraire mais en intégrant l’imaginaire dans la réalité en lui donnant la possibilité d’être.

« Voici l’animal qui n’existe pas. Ils ne le savaient pas et pourtant l’ont aimé » écrivait Rilke en parlant de la licorne.

J’aimerai dire : « Voilà l’humanité qui n’existe pas et pourtant on l’a aimé ».

C’est à travers ce prisme que je peux construire ma narration que je veux résolument contemporaine, utilisant l’allégorie pour interroger l’humanité, apportant la violence de la couleur en résonance à celle du monde.

Danielle Burgart, février 2006