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28 Mai 2019 @ 20h00

Madame Baurès, Mehdi Benallal et Presque un siècle, Pascale Bodet

Catégorie :

45 Loiret

Organisé par :

Cent Soleils

Adresse :

108 rue de Bourgogne 45000 - Orléans

Depuis 40 ans, Cinéma du réel rend compte de l’expérience directe du monde par les cinéastes : ils portent l’histoire du cinéma documentaire et son devenir.

Issus de la compétition et de la sélection française de la 41e édition du festival Cinéma du réel ce programme et cette séance rendent compte de la diversité des démarches des cinéastes dans le documentaire contemporain.

Créée en 2001, Cent Soleils réunit auteurs, réalisateurs et cinéphiles autour d’un projet de diffusion, de cinéma documentaire, d’éducation à l’image et de production de films.
Le documentaire d’auteur est un cinéma inventeur de formes, sous le signe de la recherche, de l’exploration, de l’expérience. Ce cinéma-là ne doit pas être réservé à quelques spectateurs privilégiés.
Nous désirons qu’il circule aussi là où nous vivons.
Engagés dans une diffusion non commerciale des films, nous nous attachons à faire du lieu de projection sur grand écran un lieu de partage, de rencontre avec les images et ceux qui les font.

Le 28 mai, nous aurons le plaisir d’accueillir à cette occasion Mehdi Benallal, le réalisateur de Madame Baurés, film dessinant le portrait délicat de Raymonde sans jamais la montrer à l’écran.
Guillaume Massart, réalisateur et producteur de ce film sera parmi nous.
Ce sera également l’occasion de vous faire découvrir Presque un siècle de Pascale Bodet, où la réalisatrice et petite fille, filme sa propre grand-mère de 99 ans.

Madame Baurès

Projection en présence du réalisateur et du producteur Guillaume Massart
Un film de Mehdi Benallal
France | 2019 | 18 minutes

Balade à travers les actuelles communes de Vincennes et de Saint Mandé où a vécu et lutté Madame Baurès, femme, communiste.
En off, la voix du cinéaste rapporte son souvenir du récit que Raymonde lui a confié. Sa petite histoire fragmentée tente de se recoudre à la grande : l’histoire des banlieues parisiennes, le travail à l’usine, le monde ouvrier, l’arrivée des HLM, les élans collectifs, les bagarres personnelles.
Sur ce récit, le film laisse le présent s’infiltrer, des résonances se font, des coïncidences se créent. La caméra est discrète, elle enregistre les passants de ces communes transformées, les promeneurs du Bois de Vincennes, intercepte des voix.
Et sur la difficulté d’exister d’une femme, le cinéaste, lui, affronte l’impossibilité de porter un regard.
On lui demande s’il a le droit d’être là pour filmer, pour qui il travaille, s’il a des autorisations.
Apparaît la crainte que l’histoire soit oubliée et reste figée dans les statues qui témoignent des luttes du passé et ne semblent plus faire corps avec leur paysage. Finalement, le présent échappe, Madame Baurès bascule et le film la suit.
Pour corps il y aura les statues, mémoriaux enfin revitalisés par le souvenir.
Pour voix, il y aura un écho de l’Internationale.
L’adresse change, le « elle » devient un « vous ».
Une dernière lettre, un adieu à une femme et à son monde.
Un film pour aider, recenser « les petites gens » et raconter peut-être l’histoire d’une femme qui tient, et celle de l’idée d’une commune qui meurt.
(Clémence Arrivé)

Presque un siècle

Un film de Pascale Bodet
France | 2019 | 52 minutes

Quiconque s’aventure à filmer les très vieux (la grand-mère de Pascale Bodet a 99 ans, presque un siècle) court le risque de voir l’œil du spectateur ne retenir que le pittoresque du dernier âge.
Pire : qu’on trouve le film « cocasse », « tendre », « touchant ».
Si Presque un siècle est un film (très) drôle et (infiniment) émouvant, ce n’est pas tant, ou pas seulement, en raison de la drôlerie de ses personnages (Pierre, l’ami de la grand-mère, qui planifie son propre enterrement comme on organise un gala) ou de l’attention avec laquelle Pascale Bodet saisit les gestes endormis et le timbre vibrionnant d’une très vieille dame dont la vie se maintient sur un périmètre minuscule – petits efforts, petites plaintes, petits agacements.
C’est parce qu’avec une innocence symétrique à celle de son personnage, il n’en finit pas de s’interroger autant sur ce grand âge que sur la possibilité même d’en faire un film.
Cela commence avec les yeux et les oreilles, comme pour s’assurer qu’il y aura bien à voir et à entendre : la grand-mère s’inquiète pour les yeux de la petite-fille, et la cinéaste en retour l’implore de bien vouloir mettre à ses oreilles ses prothèses.
Derrière la caméra, la cinéaste dit « mamie », mais c’est autant une parole de petite fille que de cinéaste aux prises avec son personnage et avec son film, tous trois mis à égalité jusqu’à la douce capitulation d’un « oui mamie » en parfait point final.
(Olivia Cooper-Hadjian)

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