Christelle Familiari confectionne des objets réalisés soit au crochet, soit à la main, soit par le souffle…, des sculptures anthropomorphes dont la particularité est de proposer des espaces de négociations aux personnes qui les utilisent.
Pour Eternal Gallery, elle réactualise Flasques, un environnement argileux dialoguant étroitement avec le lieu et qui implique fortement le visiteur, invité à la transformer par son simple passage.
Par ailleurs, Christelle Familiari présente également ses recherches sur la commande passée par des citoyens qui souhaitent qu’un artiste imagine une manière actuelle d’exprimer son deuil*.
* Initié dans le cadre de l’action Nouveaux commanditaires de la Fondation de France, ce projet avait fait l’objet d’un travail avec des lycéens, présenté en juin 2017, à Eternal Gallery, dans l’exposition À La Vie.
Exposer à Eternal Gallery est à chaque fois une gageur pour les artistes qui doivent perpétuellement réinventer ce lieu – un ancien pavillon d’octroi, écrin de pierres et de bois, qui semble immuable, avec son caractère patrimonial. Ce que propose Christelle Familiari, avec l’œuvre Flasques, spécifiquement réalisée pour le lieu, est une nouvelle manière d’y circuler. Par une action simple, mais globale – recouvrir le sol d’argile crue –, elle renverse l’espace et invite les visiteurs à un déplacement lent, précautionneux, vigilant. Mais pour être vue et appréciée, l’œuvre appelle à être altérée. Cette vanité en action trouve son point d’orgue avec les sculptures en céramique émaillée qui ponctuent le parcours. L’artiste, en écoute avec la matière, éprouve les limites du grès jusqu’à l’effondrement, que la cuisson vient fixer pour l’éternité.
Comme souvent, on retrouve les oppositions qui jalonnent le travail de Christelle Familiari : solide/fragile, dur/mou, mat/brillant, qui viennent nous rappeler que les matériaux ont une vie, de l’humide au sec, du cru au cuit… Mais c’est aussi à une expérience du temps et à une expérience du corps dans l’espace auxquelles nous convie l’artiste. La tension de parcourir une surface en la cassant crée une perturbation à la fois physique et mentale ; on entre en conciliation avec l’œuvre et prenons la responsabilité de son évolution.
L’artiste présente également ses recherches sur la commande passée par des citoyens et des professionnels qui, dans leur activité, sont confrontés à des personnes endeuillées. Ensemble, ils ont sollicité l’action Nouveaux commanditaires de la Fondation de France, pour qu’un artiste imagine une manière actuelle d’exprimer son deuil. En tant que médiateur de ce programme, je leur ai proposé de confier cette commande à Christelle Familiari pour sa capacité à créer des objets de transaction entre les corps, entre les êtres. Souvenez-vous, ce projet avait fait l’objet d’un travail avec des lycéens, présenté en juin 2017, à Eternal Gallery, dans l’exposition À La Vie.
Née en 1972, Christelle Familiari vit et travaille à Rennes. La confection de divers objets réalisés au crochet, en moulage, au souffle, à la main… l’amène à réaliser des sculptures anthropomorphes dont la particularité est de proposer des « espaces de négociations » aux personnes qui les utilisent. Prenant toujours le corps comme étalon, les œuvres sont souvent abstraites, mais les mains ou les doigts qui ont façonné sont visibles dans les torsions, les empreintes, les maillages… On touche, on manipule, on enfile, on traverse ses œuvres, comme si elles n’étaient que des objets de transfert, des vecteurs d’interaction entre les personnes. Je pense que l’on peut affirmer que les œuvres de Christelle Familiari sont des sculptures sociales, car elles n’attendent pas de nous d’être de simples regardeurs.
Je tiens à remercier Cassandre Albert, Marie Berthomière, Manon Piette et Roxana Protopopoff, élèves du lycée Descartes (Tours) qui ont accompagné Christelle dans la réalisation de l’exposition, ainsi que la céramiste Delphine Charpentier pour sa généreuse contribution.
Éric Foucault, directeur artistique d’Eternal Network.
• 25 novembre > 17 décembre 2017
• samedi et dimanche > 15h/18h
et en semaine sur rendez-vous
• 27 décembre > 30 décembre 2017
• tous les jours > 15h/18h
• Entrée libre