Simon Quéheillard erre dans Paris à la recherche du bitume parfait, rue Villiers de l’Isle-Adam, rue de la Chine, rue Fessart. Avec une bouteille en PVC de Coca d’un rouge bien vulgaire, il verse de l’eau au sol, crée une flaque et y révèle le monde. Parfois l’eau s’écoule, la flaque s’assèche, l’image meurt. Parfois ses flaques épousent le paysage, une flaque longue va, une fois les ridules apaisées, montrer le clocher de l’église voisine.[Il s’agit de] faire soudain jaillir [la] poésie au milieu de l’asphalte, du bruit de la rue, de la ville morne.
Lunettes rouges, « Flaques d’eau ! », 
le Monde.fr,septembre2006

Si la rue est prise ici comme terrain dejeu, il s’agit là d’unjeusérieux, méthodique. Dans le travail de Quéheillard, l’économie des moyens et des gestes est un principe actif. A partir de procédures simples, ses actions agissent comme des révélateurs. Il traque les images latentes, cachées sous la surface lisse des objets, des situations. Sous le vocable « Faire quelque chose avec ça », il affine une pratique d’exploitation des potentiels cachés, du détournement ou plus précisément de la déviation qu’il insinue dans les usages. Dans l’oeuvre de Simon Quéheillard où il est souvent — essentiellement — question de regard, l’image est toujours intimement liée à son processus d’apparition, on la voit se former à partir d’un principe et de ses variations.
«Entropie – Principes actifs des énergies perdues» (Espace Khiasma, Les Lilas),

Jeune artiste né en 1977, Simon Quéheillard a grandi à Bordeaux avec un nom basque et du sang vendéen. Diplômé de l’Ecole des Beaux Arts de Bordeaux (DNSEP), il vit et travaille à Paris. Il fait en 2006 sa première exposition personnelle à la Galerie Frédéric Giroux, L’image dans le papier. Il édite un livre du même nom en 2008 aux éditions MIX dont l’exposition peut être vue comme une annonce. Auparavant, il a déjà édité plusieurs ouvrages en lien avec ses préoccupations artistiques: L’image comme trésor (2006), Théorie des tableaux (2005), Le texte des flaques (2004), 1163 A160 1255 (2002). Plus récemment, plusieurs expositions ont permis de découvrir ses travaux, dont la vidéo Le travail du piéton (2010) où il perturbe le roulis d’un escalier mécanique.