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Deadline : 13 Mar 2018

Journée d’étude « L’édition comme expérience : Apprentissage, coopération et transmission par les projets éditoriaux », les 12 et 13 mars, à Nice (Alpes-Maritimes).

Catégorie :

Au cours de ces journées, il s’agira examiner des contextes pédagogiques spécifiques (enseignement supérieur en art et/ou issus de l’Éducation nouvelle) par le prisme de projets d’édition.
Ce programme réunira spécialistes des Sciences de l’éducation, philosophes, historiennes et historiens de l’art, critiques d’art, designers graphiques, éditeurs et éditrices. Avec la participation de Jérôme Dupeyrat, Jean-Marie Courant, Baptiste Jacomino, Géraldine Gourbe, Open Source Publishing, Benjamin Thorel et l’équipe du journal Pierre-Jo (Villa Arson).
Le programme détaillé est en ligne.
L’entrée est libre sur réservation à 
reservation@villa-arson.org en indiquant Nom, Prénom, participation aux 2 journées ou à une seule (Possibilité de déjeuner sur place le 13, à indiquer sur votre réservation).
Une publication compte rendu sera réalisée au cours de ces deux journées et diffusée à l’issue du programme.

 

Lundi 12 et mardi 13 mars 2018
A la Villa Arson, Nice

Au cours de ces journées d’études, il s’agira examiner des contextes pédagogiques spécifiques (enseignement supérieur en art et/ou issus de l’Éducation nouvelle) par le prisme de projets d’édition.
Ce programme réunira spécialistes des Sciences de l’éducation, philosophes, historiennes et historiens de l’art, critiques d’art, designers graphiques, éditeurs et éditrices. Avec la participation de Jérôme Dupeyrat, Jean-Marie Courant, Baptiste Jacomino, Géraldine Gourbe, Jérôme Mauche, Open Source Publishing, Corinne Sentou, Susanna Shannon, Benjamin Thorel et l’équipe du journal Pierre-Jo (Villa Arson).

Une publication compte rendu sera réalisée au cours de ces deux journées et diffusée à l’issue du programme.

* nous adaptons ici le titre du texte de John Dewey, de 1934, L’Art comme expérience

S’il est un principe commun à l’enseignement en école supérieure d’art et à un ensemble de pédagogies dites “alternatives”, issues de l’Éducation nouvelle, c’est celui d’expérience. Et quand il s’agit d’aborder l’art et la pédagogie au titre de l’expérience, John Dewey n’est pas loin. Tentant d’unir théorie et pratique au sein de sa pédagogie avec pour credo l’iconique Learning by doing, et proposant par ailleurs une approche de L’Art comme expérience, il fait figure de mentor à la fois pour les pédagogues et les artistes.

Lorsque les artistes Fluxus font du livre le lieu de la partition ou de l’enregistrement de leurs actions, la visée est de les soumettre à l’interprétation c’est-à-dire de les partager et qu’elles puissent être rejouées. L’adresse de l’artiste au lecteur-acteur est ainsi incarnée et s’avère familière du rôle de transmission conféré au livre-manuel dans les dispositifs éducatifs.

Outre avoir tous les deux enseigné à CalArts au cours des années 1970, Judy Chicago et Allan Kaprow sont à l’origine de dispositifs pédagogiques expérimentaux et d’émancipation. Dans la Californie de la fin des années 1960, Allan Kaprow propose le happening en tant que méthode pédagogique pour le programme Other Ways. Les notions de jeu et de plaisir sont à la faveur d’une expérience collaborative. Au tout début des années 1970, à Los Angeles, le Feminist Art Program de Judy Chicago et Miriam Schapiro a recourt au dispositif du consciousness raising qui impulse des actions performatives au sein du groupe.

Permettons-nous d’explorer la proximité de l’engagement de ces artistes avec les réflexions de pédagogues considérant l’enfant comme sujet et moteur de son apprentissage, celles de Célestin Freinet (1896-1966), Maria Montessori (1870-1952) et Rudolf Steiner (1861-1925) pour n’évoquer qu’eux. Ces auteurs énoncent les principes d’une “pédagogie active” au sein de laquelle l’élève décide du chemin qu’il va parcourir pour apprendre, guidé par ses centres d’intérêt. Lorsque l’on parle de la pédagogie Freinet, on convoque souvent le “journal de l’école”. Si ce n’est qu’un exemple de la “mise au travail” des élèves de l’école de Vence dès l’entre-deux-guerres, c’est précisément un espace de coopération entre élèves et enseignants sur lequel nous attarder. Les étapes de conception, de production et de diffusion d’une édition supposent une organisation collective, des productions individuelles et une concertation fine.

Dans le contexte de l’enseignement supérieur en art, on désigne les activités de publication en tant qu’édition ou plus spécifiquement en tant que design éditorial. L’édition s’entend alors comme médium artistique, processus de travail et de documentation mais aussi plus globalement comme secteur professionnel. Elle est traversée par les artistes, les élèves mais aussi par tout lecteur. À ce titre, l’édition sera le domaine d’expériences par lequel regarder comment l’on apprend, l’on coopère, l’on transmet et met en partage des savoirs et des propositions artistiques.


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PROGRAMME

LUNDI 12 MARS
18h
Baptiste Jacomino
L’imprimerie chez Freinet : la technique contre la scolastique
Depuis que l’actuel ministre de l’Education nationale, M. Blanquer, a dit du bien de la pédagogie Montessori, il n’est pas rare que certains de ses adversaires de gauche opposent à ce modèle officiel celui de la pédagogie Freinet, renouant ainsi avec un différend ancien entre ces deux grandes figures de l’Education nouvelle. On rappelle alors, à juste titre, que, contrairement à Montessori, Freinet n’a jamais utilisé de matériel pédagogique breveté, mais des techniques facilement accessibles à tous. Parmi ces « techniques Freinet », l’imprimerie scolaire joue un rôle crucial à la fois dans l’itinéraire de Célestin Freinet et dans le dispositif pédagogique qu’il défend. Cette réapparition du nom de Freinet dans les controverses françaises sur l’éducation est une occasion de se ressaisir de problèmes contenus dans l’écart entre Freinet et Montessori, non seulement pour en faire l’histoire, mais aussi parce que cette histoire est susceptible de réveiller aujourd’hui des questions éducatives souvent négligées. Il s’agira d’analyser le recours à l’imprimerie scolaire dans la pédagogie Freinet, en la confrontant à la conception du matériel pédagogique chez Montessori. Les différences qui apparaissent alors se situent dans trois champs différents : la politique, la psychologie et la philosophie.
1h + échange avec le public

MARDI 13 MARS
dès 10h
Consultation des publications des invitées et invités.

11h
Jérôme Dupeyrat
«Teaching and Learning as Performing Arts» / «Enseigner et apprendre : arts vivants»*
Les arts et la pédagogie ont en partage de multiples questionnements, soit que les artistes et les pédagogues aient des cadres de pensée en commun, soit qu’il y ait entre eux de réels échanges voire influences. Concernant le XXe siècle en particulier, il est frappant de constater certains échos entre, d’une part, les avant-gardes historiques puis des phénomènes tels que Fluxus et, d’autre part, le courant pédagogique de l’Éducation nouvelle.
Il s’agira d’évoquer ce terrain d’échanges, et plus spécifiquement quelques liens entre Fluxus et la pédagogie Freinet — où il sera question des artistes, des pédagogues et des élèves comme producteurs, ainsi que d’une reconsidération de ce que sont les livres et les publications, leur rôle et leur fonction dans la transmission du savoir et des connaissances.
*titre emprunté à l’ouvrage de Robert Filliou, 1970
1h + échange avec le public

14h
Géraldine Gourbe
Dans la Californie du sud des années 1960 et 1970, le programme éducatif et artistique Other Ways d’Allan Kaprow et d’Herbert Khol ainsi que la coopérative artistique du Women’s Building, initiée par Judy Chicago, constituent des expériences fondatrices d’une culture visuelle révolutionnaire. Tous deux relèvent d’un courant alternatif, celui de la pédagogie radicale, impulsé par deux figures importantes : Paulo Freire et Ivan Illich. En parallèle de la pédagogie institutionnelle qui s’affirme en France, la pédagogie radicale se présente comme autogérée et contre-culturelle. Les principes fondateurs de la pédagogie de l’opprimé (Paulo Freire) et de une société sans école (Ivan Illich) inséminent dans les pratiques performatives et éditoriales des artistes de la Côte ouest.
1h + échange avec le public

15h30
table ronde – récits d’expériences
L’équipe du Pierre-Jo à la NY Art Book Fair (Villa Arson Nice) ; Benjamin Thorel, Publishing class (Dutch Art Institute)  ; Jean-Marie CourantInitiales (École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon) ; les outils de Open Source Publishing (Gijs de Heij et Ludi Loiseau)
+ échange avec le public

17h30
pause, visite des expositions Nikolaus Gansterer et Gianfranco Baruchello.

18h30
Jérôme Dupeyrat présente la plateforme éditoriale <o>future<o>

à l’issue de la rencontre
Print party par OSP + les étudiantes et étudiants participants :
impression et diffusion de la publication compte rendu, réalisée au cours des deux journées de rencontres.

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BIOGRAPHIES
Jean-Marie Courant est graphiste, il vit et travaille à Paris. Il a longtemps signé ses réalisations d’un nom emprunté au vocabulaire de la typographie : Regular. Désormais il travaille en collaboration avec Marie Proyart, sous le nom de Catalogue Général — qui est également le nom de la plate-forme éditoriale qu’ils ont fondée en 2016. Ils consacrent l’essentiel de leur activité à des projets éditoriaux et d’identité visuelle. C’est la lecture, sous toutes ses formes, qui est au centre de la pratique de Catalogue Général. Marie Proyart et Jean-Marie Courant aiment prendre soin des lecteurs et de ce qui s’adresse à eux.
Jean-Marie Courant est coordinateur du département design graphique du master design graphique de l’Ensba Lyon où il a assuré la coordination graphique du premier numéro de la revue Initiales. Entre 2009 et 2011, il est intervenu régulièrement à l’Écal où il donnait des cours d’histoire moderne et contemporaine du design graphique. De 2010 à 2012,  au post diplôme Design et Recherche de l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne, il a coordonné la conception graphique de la revue Azimuts, dont il était également l’un des rédacteurs.

Jérôme Dupeyrat est historien de l’art. Ses activités (souvent collectives : Agence du doute, future , La Bibliothèque grise) incluent la recherche, la critique, l’édition, le commissariat d’exposition et l’enseignement. Ses recherches portent en particulier sur les publications d’artistes, et plus largement sur les liens entre art, édition, image(s) et média(s). Il vient notamment de publier l’ouvrage Entretiens : perspectives contemporaines sur les publications d’artistes, aux éditions Incertain Sens.
Avec l’artiste Laurent Sfar, il a initié en 2015 « La Bibliothèque grise », un ensemble de ressources à l’origine d’événements et de productions qui visent à explorer les pratiques, les espaces, les objets et les formes à travers lesquels sont transmis connaissances et savoirs. « La Bibliothèque grise » cherche notamment à penser la nature esthétique des processus de transmission et leur rôle dans la construction des individus. Le second chapitre de cette collaboration est présenté au BBB centre d’art, à Toulouse, du 24 janvier au 17 mars 2018.

Géraldine Gourbe est chercheuse en esthétique, spécialisée dans la question de la performance, des collectifs et du féminisme. Depuis 2007, elle a publié sur la scène artistique de Los Angeles, les pédagogies radicales, les communautés artistiques. Elle prépare une relecture du minimalisme californien notamment grâce à l’œuvre des années 60 du sculpteur Judy Chicago. L’exposition Californie, les années cool sera présentée à la Villa Arson pendant l’été 2018.

Baptiste Jacomino est docteur en sciences de l’éducation. Collaborateur de la revue Le Philosophoire. Directeur de l’ensemble scolaire Sainte Ursule – Louise de Bettignies (Paris). Auteur notamment de Comprendre Freinet (Editions Max Milo) et de Alain et Freinet : une école contre l’autre? (Editions L’Harmattan).

Open Source Publishing est un groupe de travail qui produit des objets de design graphique uniquement avec des logiciels libres et Open Source. Affiliés à l’association Constant, la caravane OSP est basée à Bruxelles. Elle se compose aujourd’hui d’une dizaine de personnes issues de champs complémentaires : typographie, design graphique, cartographie, programmation, mathématiques, écriture, etc. Par la pratique collaborative, ils travaillent autour de workshops et de projets commissionnés ou auto-initiés, à la recherche d’une redéfinition de leur champ d’action, creusant vers un rapport plus intime et expérimental avec leurs outils.

Benjamin Thorel est critique d’art, éditeur, commissaire d’expositions, et professeur à l’École supérieure des Beaux-Arts de Bordeaux (EBABX). En 2013 et 2014 il a été tuteur invité à la Publishing Class du Dutch Art Institute, à Arnhem. Il est l’un des responsables de After 8 Books (www.after8books.com), librairie parisienne spécialisée en art contemporain, théorie et design graphique, au sein de laquelle il prépare également plusieurs publications; auparavant, il a fait partie de l’équipe de castillo/corrales, espace indépendant créé en 2007 et fermé fin 2015, au sein duquel ont été développées la maison d’édition Paraguay Press et la librairie Section 7 Books. Benjamin Thorel a soutenu en 2012 un mémoire de Master sur les pratiques éditoriales des artistes contemporains; cette année, il fait partie du comité de pilotage de l’Université d’été de la Bibliothèque Kandinsky, qui sera consacrée aux publications d’artistes.

INFORMATIONS PRATIQUES
Journées ouvertes à tous et toutes
Entrée libre

Inscription recommandée sur : reservation@villa-arson.org
en indiquant votre Nom, Prénom, si vous participerez aux 2 journées ou à une seule
Possibilité de déjeuner sur place le mardi 13, à indiquer sur votre réservation si vous le souhaitez.

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Visuel : Le Pierre-Jo Villa Arson à la NY Art Book Fair, septembre 2017.