TERRA INCOGNITA – céramique

Inge HØRUP

Juliette LEPERLIER

Masses « informes », comme elle les nomme, les « drapés » de Juliette Leperlier semblent surgies de l’éruption de quelque volcan fantastique et fantaisiste ayant projeté sur ses flancs, non pas des morceaux grisâtres ou noirs de lave et de magma, mais des blocs
lumineux d’une pureté cristalline.

Artefacts mystérieux, transparents comme une eau solide, créations imprévues et aléatoires de l’ignition tellurique qui, ayant affronté l’épreuve du feu, gagnent, d’après Gaston Bachelard, en pureté…

Pour obtenir ces blocs gelés, instants de temps figés, il a fallu dompter les caprices du
feu, anticiper la déformation ductile du verre chauffé, attendre que l’ondulation imprévisible se forme, se plisse, obéisse, non pas à la volonté d’un obscur démiurge chtonien,mais au pressentiment et à l’intuition de l’artiste livrant ce « combat resserré de l’hommeet de la forme » célébré par Paul Valéry.

Un défi colossal, donc, celui de Juliette : maîtriser le chaos selon une loi qui n’a de règle
que celle de l’autonomie de la loi formelle, régie – dit-elle – par « un motif souple, en perpétuel changement, qui déploie ses plis, ses déplis et ses replis à l’infini ».

Paradoxalement, c’est son expérience et sa maîtrise de la matière qui l’obligent à reconnaître que le « résultat est aléatoire, figé comme un instantané, suggérant une autre
trajectoire possible ».

Marc Jimenez
extrait du catalogue de l’exposition