Lucien Legras, Patricia Legras & Anny Duperey / Filiation
Mon père, Lucien Legras, est mort en 1956 (en compagnie de ma mère Ginette), à l’âge de 32 ans.
Une carrière en plein essor de photographe d’Art était brisée.
Il laissait deux filles : Anny et Patricia.
Il laissait aussi un “fonds photographique” important, négatifs, plaques, qui demeurèrent non développés pendant 35 ans.
Anny, ignorant quasiment tout du travail de son père, se mit à la photographie noir et blanc et au laboratoire, pendant une vingtaine d’années, sans être véritablement consciente que ses travaux la menaient à lui, jusqu’au jour où elle ouvrit enfin les
cartons…
Découvrant du même coup que nombre de ses clichés étaient presque semblables à ceux de Lucien.
Lorsque Patricia découvrit les photos de son père, c’est en toute conscience qu’elle se lança passionnément dans l’art photographique – s’initiant d’abord avec Georges Fèvre à l’art du tirage – puis photographiant à son tour, avec un goût du cadrage, d’une recherche
architecturale de l’image extrêmement proche des recherches esthétiques de Lucien, comme si elle voulait venger sa mort, poursuivre à sa place cette carrière inachevée.
Malheureusement, la mort, emportant Patricia voilà une dizaine d’années, brisa encore cette carrière naissante de photographe…
C’est donc moi, Anny, la survivante, qui présente ici nos travaux photographiques, pour la première fois réunis, avec cette parenté de regards et de passion.
Réunis, oui, dans l’éternité d’instants de beauté captée, lumière encore vivante, sacralisée par la magie de la pellicule.
Anny Duperey
Lucien Legras
Lucien Legras était photographe.
Sa jeune carrière artistique prenait de l’essor, quand il est mort, avec ma mère Ginette, à l’âge de trente-deux ans, par asphyxie accidentelle due aux émanations d’un chauffe bain.
J’avais presque neuf ans, ma sœur Patricia seulement cinq mois.
Les négatifs de ses photos sont restés dans l’ombre pendant trente cinq ans, comme enterrés eux aussi, recouverts d’une chape de silence; leur existence niée par le regret, la douleur, l’impossibilité de faire le deuil de ces morts tragiques.
Mais mon père était un homme soigneux, extrêmement.
[…]
Lorsque que j’ai enfin déballé, déshabillé de ses peaux de papier cette œuvre momifiée, il n’y avait pas un grain de poussière, pas une rayure.
Comme s’il avait pressenti ce long voyage dans le temps, pris toutes les précautions pour attendre que nous ayons le courage de découvrir son œuvre, son regard intact.
Sans doute manque-t-il beaucoup de ses photos, il ne les aurait peut-être pas juxtaposées dans cet ordre.
Mais les quelques clichés que nous avons de ses expositions nous montrent qu’il aimait marier l’hiver avec l’été, les croix sous la neige avec le frémissement d’un feuillage, les yeux tragiques d’un aveugle avec un jouet d’enfant dans le sable
voluptueux des vacances et du bonheur…
Puisse cette exposition faire revivre un temps son regard, qu’il trouve une existence dans celui des vivants, plus de soixante ans après sa disparition.
Anny Duperey
Patricia Legras
Patricia avait seulement 5 mois lorsque notre père Lucien Legras, photographe, mourut accidentellement – en compagnie de notre mère Ginette. […] Sans enfance commune avec moi, n’ayant quasi rien reçu – si ce n’est la vie – de ces parents, Patricia erra longtemps à la recherche d’une identité, d’une stabilité.
[…] Puis elle se lança dans la prise de vue personnelle, avec passion et rigueur, dans le style très pur, et presque architectural, des recherches photographiques de Lucien. Elle alla même à l’extrême de ses tendances – Lucien ne prisait pas beaucoup les portraits, photographiait peu les gens ? Patricia, elle, bannit totalement la présence humaine de ses images.
Elle privilégia, comme lui, les brumes, les lumières à la fois glauques et lumineuses, les lignes épurées, le mouvant de l’eau et les gris vivants de la pierre, la poésie des diagonales qui ouvrent l’image, la prolongent hors du cadre de la
photo…
On pourrait croire, au premier abord, à trop de respect du style de Lucien, à une recherche éperdue du père, au point de fondre ces photographies en une oeuvre commune. Et pourtant, à les bien regarder, les photos de Patricia ont un charme et une beauté bien particulière et originale.
Il y a de l’amour, certes, mais aussi une réelle parenté de regard, une filiation profonde, qui n’amoindrit pas l’expression personnelle.
Patricia, fille de Lucien, était vraiment photographe.
Ces deux-là auraient adoré travailler ensemble…
C’est cette complicité qu’elle a inventée, par delà la mort.
Anny Duperey
Anny Duperey
C’est vers 24 ans que j’achetai mon appareil photo […] un Leicaflex Sl2 à cellule incorporée, avec différents objectifs, et surtout un téléobjectif dont je tombai carrément amoureuse : un 180 mm, qui avait le rare avantage d’ouvrir à 2,8.
C’est avec cet objectif “qui rend beau”, car il estompe le décor, mettant en valeur le sujet comme s’il n’existait que lui au monde […]
Pendant une vingtaine d’années, je m’adonnais passionnément à la photographie […]
Je n’avais pas encore, à cette époque, eu le courage d’ouvrir les classeurs et boites qui contenaient les négatifs de mon père photographe disparu.
J’ignorais quasiment tout de son travail.
Je ne me rendais pas compte que ma passion pour la photographie me menait à lui. Je devais parcourir le même chemin, jusqu’à développer moi-même les pellicules et faire les tirages sur papier avec un agrandisseur, dans ma salle de bain transformée en laboratoire pendant des années, comme il l’avait fait, pour l’approcher, le comprendre.
Lorsque je découvris enfin son oeuvre, afin d’écrire mon livre “Le voile noir”, je fus sincèrement ahurie de découvrir que nombre de mes clichés […] étaient presque semblables aux siens…
Ô merveilleux mystère de l’inconscient !
Je suis heureuse de présenter ici une petite partie de mon travail inédit de photographe.
Heureuse aussi, parallèlement, de faire découvrir – ou redécouvrir – les superbes photos de ce photographe inconnu : mon père, Lucien Legras. Ainsi que celles de ma soeur, Patricia Legras, qui suivit ses pas…
Anny Duperey
Franco Fontana / Urban landscape
Franco Fontana fut l’un des photographes-couleurs les plus emblématiques de la fin des années 60.
En 1970, dans sa série Landscapes, Fontana exarcerbe la sensibilité chromatique et les lignes géométriques inspirées par la nature.
Il met le paysage au centre de ses recherches pour ainsi élaborer d’autres mondes. En isolant une suite de formes, de lignes et de couleurs, l’artiste se sert des éléments constitutifs d’un environnement naturel et les instrumentalise pour créer une construction harmonieuse au gré des saisons et de la lumière.
Dietrich Oltmanns / Photographies
Autodidacte, Dietrich Oltmanns développe depuis 35 ans des cycles photographiques qui ne parlent pas le langage commun de la photographie.
Il a trouvé son chemin et le développe depuis.
En 1987, Dietrich Oltmanns expose ses premières œuvres (Simultané) dans la toute jeune galerie Eigen + Art devenue depuis une des plus importantes galeries allemandes.
Oltmanns faisait partie d’une communauté de photographes non-conformistes à
orientation artistique.
Il a co-édité et produit le magazine d ́art informel de Leipzig « Zweite Person » et a fait partie de la sélection de photographes de la RDA dans la publication légendaire FOTO-ANSCHLAG publiée en 1988.
Ce document historique qui rassemble les travaux de 32 photographes et auteurs, publié uniquement à 40 exemplaires, constituait un refus d’accepter la censure et les exigences du gouvernement.
Ce geste symbolique de protestation avait pour but de défendre l’autonomie et la liberté artistique.
Thierry Arensma / Hémopoïesis
Cette exposition nous plonge dans l’histoire d’un lieu, d’une époque et d’une épopée.
En 1909, le vétérinaire Gaston Roussel découvre, après une seconde saignée sur des chevaux de la Compagnie des omnibus, un sérum très efficace contre l’anémie:
l’Hémopoïetique
Il exploite ce sérum sous le nom d’Hemostyl et très vite, un incroyable élevage de chevaux et une vingtaine d’écuries naissent au pied de l’usine.
Après la 1re guerre mondiale, 1500 chevaux sont saignés quotidiennement pour ces nouveaux médicaments miracles.
Travaillant à partir de prises de vues avant rénovation, l’artiste cherche à conserver une trace d’un lieu qui bientôt aura disparu. Mais cette trace, le photographe la veut esthétique, un regard poétique sur un monde a priori utilitaire.
Les « apparitions » chevalines, sorte de fantômes entre les murs de l’usine, semblent d’incongrus surgissements.
Ils rappellent combien d’animaux vécurent ici et servirent ce lieu.
En juxtaposant le monde organique à celui de la machine, une forme de vie dans cet espace désaffecté, le projet « Hémopoiesis » ouvre une brèche onirique et invite à quelques allers-retours spatio-temporels.
Dans ce jeu de croisements signifiants, le titre d’exposition « Hémopoïesis », reprenant la terminologie scientifique du sérum, l’Hémopoïétique, ou l’ensemble des processus cellulaires de la production et du renouvellement du sang.
S’y ajoute le sens étymologique et philosophique du terme « poiesis », soit l’idée de la production d’une œuvre, du pouvoir de la création artistique.
Thierry Arensma
Gerardo Custance / spirale
D’où vient le pouvoir hypnotique des photographies de Gerardo Custance ?
Je regardais l’une d’entre elles, prise dans l’encadrement d’une fenêtre.
[…] Il existe plusieurs versions de cette photo : tantôt la pelouse est presque vide, tantôt les groupes sont nombreux, ce qui suppose que Gerardo est resté longtemps avec son appareil dans l’encadrement de cette fenêtre, non pas pour surprendre une situation inattendue, mais pour éviter tout détail anecdotique et pour aller — selon l’expression courante « au fond des choses ».
C’est son regard à lui, son attente, qui donne à cette photo, en apparence réaliste, son pouvoir hypnotique.
L’étendue d’herbe rase et les silhouettes, loin d’être prises sur le vif, provoquent une étrange sensation d’éternité, comme si le temps était devenu transparent. […]
Il s’est rendu sur les lieux en consultant une cartographie très précise, qui lui servait de point d’appui, pour mieux se laisser aller ensuite à ce que les situationnistes appelaient une « dérive ».
Cela évoque la démarche du plus inspiré d’entre eux, Ivan Chetcheglov et le texte poétique qu’il avait consacré à un quartier de Paris: « L’Introduction au Continent Contrescarpe ».
Une sensation de vide et d’absence, mais aussi une présence très forte qui est celle du regard du photographe Gerardo Custance et de sa longue attente pour capter le réel — un réel sans le moindre pittoresque et qui devient « existentiel ». […]
Patrick Modiano,
Prix Nobel de Litterature
Stéphane Mahé / Somewhere
C’est un lieu où le temps s’estompe.
Un lieu où les contours physiques de la matière s’effacent.
Ici, la photographie retrouve la délicatesse des pictorialistes du 19ème siècle. Dans sa proposition, Stéphane Mahé ouvre une fenêtre sur un ailleurs impalpable et nous invite à faire un pas de côté, en quête d’une réalité seconde.
Quelque part au bord du monde.
Le lieu, le temps importent peu… Ici, celui qui regarde, interprète, invente, raconte son histoire, ses histoires.
« Somewhere » est une séquence d’images qui s’articulent comme une respiration fébrile dans laquelle chaque photo, en revanche, est autonome et offre au regard la possibilité d‘un commencement.
« Somewhere », c’est bien sûr quelque part ; quelque part entre hier et demain, quelque part entre le coin de la rue, le bout du champ ; un endroit si familier et pourtant, à un détail près, si différent qu’on a envie de venir doucement s’y perdre.
Thomas Gosset / Primitive Acids
C’est un conte d’une beauté informelle, sombre et surréaliste:
l’artiste pousse le réel et le processus photographique dans ses derniers retranchements pour extraire des sels d’argent sa puissance hallucinatoire en mêlant l’évocation d’une réalité économique et sociale à une représentation plus onirique du monde.
Un imaginaire qui “portraitise” le non-visible et l’absurde, empreint d’une sensualité à l’esthétique inquiétante, qui nous projette dans un univers pré-apocalyptique.
Sous un baume d’un noir incandescent, cette mythologie contemporaine est l’expression d’une colère sourde où des éclats de rage se dévoilent dans un geste de destruction libérateur comme d’autres peignent sur les murs de révolte en attaquant les nouvelles idoles modernes.
L’artiste emmène le regardeur au plus près de ses accidents photographiques, où se côtoient tourbillons aliénants, trous noirs de désillusion et personnages tourmentés. (…)
Florence Joubert / Gardiens du Temps
Le météosite du Mont Aigoual est le dernier observatoire météorologique habité de France.
Situé sur le toit des Cévennes, il est soumis à des phénomènes extrêmes du fait de la rencontre du sommet avec les vents méditérranéens. Des générations de personnages se sont succédées dans cette forteresse, scrutant le ciel, la nature et ses états.
Aujourd’hui encore, Chantal, Eric, Rémy et Christian, quatre salariés de Météo-France y tutoient le brouillard et les tempêtes, résistant aux assauts répétés du climat et aux évolutions inéluctables d’un métier qui disparaît.
Au rythme des saisons et à la lecture des registres d’observation datant du 19ème siècle, j’ai essayé de comprendre la relation spéciale qu’entretiennent les météorologues au temps sous toutes ses formes, d’explorer leur connaissance intime d’un environnement dans son ensemble.(…)
Florence Joubert
Michel Dieudonné / La Capture
« La Capture » est le résultat d’une rencontre entre une écrivaine, Miryam Louis et un photographe, Michel Dieudonné. Ils ont beaucoup discuté de la mémoire, de la trace.
De rencontre en rencontre naît un récit, alimenté de négatifs récupérés.
« Tout ce qui est cadré est déjà mort ? » Cette note écrite par l’héroïne nous renvoie aux « travaux » du photographe du roman et au devenir de l’image comme «être».
La narratrice et le « preneur d’images » mènent ainsi le lecteur d’un monde à l’autre.
Il fallait donc guider le lecteur, de manière allusive et non-illustrative, à travers le roman en s’adaptant au fur et à mesure aux modifications du récit et en respectant les consignes et commentaires de l’écrivaine.
En dehors du travail de sélection d’images et de laboratoire, des prises
de vue régulières viennent s’intercaler dans les images trouvées. Elles
complètent et façonnent l’esthétique générale du livre, subissant
parfois un travail de restauration ou de dégradation.
Le résultat n’est pas la transposition figurée du texte dont le
photographe aurait suivi pas à pas les indications, les consignes.
L’image ne restitue pas la narration. Elle l’interprète, elle le nourrit
comme pourrait le faire un jeu de photo-langage : elle connecte
fiction et réalité et mélange les temporalités.
« Passer dans le blanc – du côté de la lumière – elle ne pensait plus
qu’à ça. Elle y était presque.» C’est cette tension qui constitue le
climat de la capture et des images de cette série.
Michel Dieudonné
Dans l’OEil de xavier barral
« Xavier Barral va nous manquer.
Il était l ’un des nôtres.
Amical, disponible pour les photographes, prêt à se passionner pour les projets
les plus fous, et curieux de tout : les oiseaux, les planètes, les comètes, les vagues, les peuples primitifs, les graines, l ’origine de la vie, la photographie bien sûr.
Il n’aurait pas eu assez d ’une vie pour faire aboutir tous les projets éditoriaux auxquels il tenait (malgré le travail acharné de ses collaborateurs..). On a ses livres, qui restent, mais il va falloir apprendre à faire sans lui. Souhaitons-lui, de là où il est, qu’il puisse au moins percer quelques mystères de l ’univers … »
Grégoire Eloy /Tendance Floue,
19 février 2019
« Dans l’œil de Xavier Barral » est une installation dédiée au travail de cet éditeur singulier disparu en février 2019.
Dans un espace ovale en forme d’œil et à partir de la mise en scène d’une sélection de livres des Éditions Xavier Barral, cette création scénographique est une expérience poétique et immersive au cœur de la page imprimée.
Merci à Charlotte, Jordan, Nathalie, Perrine et Yseult des Éditions Xavier Barral, Grégoire Eloy, ainsi qu’à Monica Santos.
Margaux SENLIS / Propolis
Prix Mark grosseT 2018
CatÉgorie DOCUMENTAIRE
Sensible aux problèmes environnementaux, je me suis récemment arrêtée sur la question de l’effondrement des colonies.
Les abeilles et plus largement les pollinisateurs font partie des espèces en voie
de disparition. Si on ne prend pas toutes les mesures nécessaires à leur survie, alors elles seront rapidement en voie d’extinction.
Les conséquences que cela pourrait engendrer sont immenses sur notre écosystème.
Si les facteurs sont multiples, certains produits chimiques comme le glyphosate ou les néonicotinoïdes sont de plus en plus pointés du doigt.
En effet, de nombreux agriculteurs, sous la pression des subventions accordées par les politiques agricoles, utilisent des engrais, pesticides et insecticides de plus en plus efficaces à court terme, mais catastrophiques pour l’environnement.
1⁄3 de notre alimentation dépend de la pollinisation, ainsi que 80% de l’espèce végétale.
Sans abeilles, il n’y aurait donc presque plus d’arbres, de fleurs, de fruits, de légumes… En réponse à ce phénomène de disparition, certaines mesures sont
prises comme l’interdiction récente de l’utilisation d’insecticides contenant des néonicotinoïdes.
Mais certains mélanges ou “cocktails” de pesticides sont tout autant, voire plus ravageurs sur les colonies d’abeilles. Les mesures prises restent insuffisantes et compliquées face aux lobbyings des grandes entreprises.
J’ai voulu rendre hommage aux apiculteurs et apicultrices, mettre en
lumière leur métier de plus en plus difficile et leur passion contagieuse.
Margaux Senlis
Antoine De Winter / Mémoires de l’eau
L’image prenait sa source dans un lointain originel.
À partir d’elle un monde s’était bâti.
L’image de ce visage, première si univoque qu’elle ne renvoyait qu’à elle-même. Qu’elle n’avait pour se dresser besoin d ’aucune substance, ni d ’un décor lui donnant une légitimité dans le monde des souvenirs…
Maxime Coton, “Resplendir“
Cet extrait tire quelques traits essentiels du travail d’Antoine De Winter.
Une image qui serait d’abord présente dans nos mémoires.
Qui serait le ressac d’une origine inconnue.
Là, dans le silence qui suit le fracas de la vague se retournant sur elle-même, naît une image.
L’écume devient cette émulsion photographique faisant apparaître par bribes ces moments mnémoniques.
La matière et les procédés d’apparition de l’image lui importent plus que le sujet lui-même.
Par la mise en place de différents protocoles, il sonde cette mémoire sensée se loger au sein même de la matière photographique.
Que ce soit en jouant avec des faux-semblants mimés par la répétition d’une même scène ou en activant un processus de dégradation de l’image.
Pour se maintenir à flots, peut-être, dans ce flux numérique quotidien, Antoine De Winter utilise des procédés de développement plus traditionnels, proches d’une forme d’artisanat.
Les imperfections qui en résultent lui permettent de questionner la surface même de l’image, qui aurait alors sa propre forme de vie.
Un regard constamment repositionné, qui reflète aussi une introspection sur le rapport qu’Antoine entretient avec la photographie.
Ludovic Demarche
Melody Garreau / L’innocence Ternie
Prix DU PUBLIC SAIF / ville de Vendôme 2018
L’innocence ternie est un hymne à ma sœur Chloé.
Photographie d’un temps d’incertitude, un croisement délicat entre l’enfant et la jeune femme.
À dix sept ans, la quête de sa propre identité se révèle être un combat, une recherche à prendre possession de son propre corps.
En cherchant ses appuis qui lui permettront son envol, Chloé replonge dans l’absence d’un père et le manque d’une vie de famille.
Cela donne un air délicat de déjà vu à notre mère, qui y voit le reflet
de son propre abandon.
Depuis toujours, Chloé et notre mère ont entretenu une relation complexe, fusionnelle et exclusive. Un lien indéfectible les unit et cela ne va pas sans heurts. Embarquées dans une période d’une violence émotionnelle, disputes et réconciliations rythment leur quotidien.
Depuis que j’ai traversé la Manche, ma voix est à la recherche de son écho et mon regard de sa juste distance. Je donne à voir ces quelques photographies comme les pieces éparses d’un puzzle complexe.
Melody Garreau
BOURSE des amis du musée albert kahn
Les Promenades Photographiques accueillent la Bourse des Amis du Musée Albert Kahn, dont l’engagement pour la culture et la photographie est similaire: encourager des auteurs, leurs visions d’un territoire, mettre en lumière leurs talents et sensibilité, donner à voir de multiples populations et espaces.
Au service de la connaissance et de la paix entre les cultures et des divers visages du monde, Albert Kahn a construit une œuvre protéiforme et pléthorique. En accord avec ses valeurs humanistes, la Bourse des Amis du Musée Albert Kahn célèbre un photographe engagé dans un travail photographique lié aux sciences humaines.
Cette année le jury a désigné deux lauréats. Ils recevront une bourse qui honore leur engagement pour l’ouverture sur le monde, le dialogue et les résonances des cultures. Ils sont soutenus financièrement pour un nouveau projet photographique.
Les lauréats de la Bourse 2019 ont été dévoilés pendant la conférence de presse à l’annexe-école Spéos-Paris le 21 mai et sont exposés au Manége Rochambeau à Vendôme.
La remise de la Bourse des Amis du Musée Albert Kahn a lieu en même temps que la remise du Prix Mark Grosset, lors d’un bel événement à la Fabrique du Docteur Faton, le samedi 22 juin 2019.
Les travaux des 10 photographes nommés lors de cette édition sont projetés dans Le Petit Cinéma du Manège Rochambeau, ainsi que les Modules Movies – le making off séquencé du Campus 2019.
les 10 finalistes 2019: Delphine BLAST / Rémi CHAPEAUBLANC / Matthieu CHAZAL / Céline CLANET / Scarlett COTEN / Stephan GLADIEU / Isabeau de ROUFFIGNAC / Chantal SERÈNE / Patrick WACK / Charles XELOT.
Le labyrinthe / le LIVE
En retransmission directe dans le Manège Rochambeau, la construction du Labyrinthe, au Moulin de la Fontaine de Thoré, s’échelonnera tout au long de cette édition, jusqu’à son inauguration pour la clôture du festival.
Imaginé par l’artiste Jean-Philippe Mauchien et l’équipe de Zone i, la conception de cette œuvre à la dynamique Land Art repose sur des matériaux de récupération locaux, où libre cours est donné à la nature pour qu’elle en structure le chemin et les parois, selon sa croissance et les conséquences du temps.
Infos pratiques
Horaires d'ouverture
de 14h30 à 18h30
Fermé le mardi
Tarifs
Entrée libre