Nous voici, avec notre respect encombrant et notre bagage intellectuel qui ne l’est pas moins, à admirer le travail d’une artiste qui ne se laisse enfermer dans aucune école.
Le sculpteur Françoise Carrasco peut désorienter par son refus d’un style défini.
Par son apparent écartèlement entre des préoccupations très actuelles et de constantes plongées vers des répertoires de formes d’avant la tradition classique.
Ici, nul cri ne résonne.
Règne au contraire un mystérieux silence ; les formes sont volontiers hiératiques, les figures intériorisent quelque drame secret et intemporel.
Depuis près de quarante ans entre l’Artiste et l’œuvre se tisse un réseau de relations complexes. Sculpteur et sculpture, l’un à l’autre voués dans le plein accord des rythmes essentiels et de belles intuitions.
Chaque création est l’attente de l’événement produit par la relation entre l’artiste et la matière.
L’élément génétique de la sculpture est la matière.
L’artiste travaille la matière molle. La terre.
Travailler la terre c’est renouer avec des gestes très anciens de l’humanité. C’est également redécouvrir des rapports plus doux, plus modérés, plus modestes avec le milieu qui est le nôtre. Une manière d’habiter cette matière.
Il y a chez l’artiste quelque chose d’un maître de cérémonies qui fixe d’un geste de la main les poses de ses créatures, avec un tact qui n’exclue pas la fermeté.
Françoise Carrasco est un sculpteur profondément original, demeuré à l’écart du grand récit d’une certaine modernité. Il y a chez elle un refus de la planéité, de la vision synthétique.
Il y a chez cette artiste une vision mélancolique de l’humain. Personnage discret, secret, avec obstination et audace, Françoise Carrasco, dotée d’une sacré dose d’énergie, poursuit son travail, soucieuse de cerner toujours de plus près le mystère que dégage, au – delà des formes, toute œuvre accomplie. Il n’y a pas, une époque de sa vie, donc de sa sculpture qui ne la découvre inquiète, sceptique parfois. Cela donne lieu à une polyphonie qui recèle une nouvelle forme de recherche esthétique. Toutefois, décoder, situer le pouvoir symbolique de l’œuvre n’est pas une garantie de libération et d’autonomie. Reste la possibilité de penser différents points de vue au même moment.
Cette recherche du sens, cette compréhension de l’œuvre de l’artiste c’est ce qui nous motive.
Catherine CAZEAUX
Philosophe
Informations pratiques
Ouvertures
Du 24 mars au 2 décembre 2018 les samedis, dimanches et jours fériés de 10h à12h30
puis de 14h30 à 19h et sur rendez-vous toute l’année.
Tarifs
Adulte 6 €
Mineurs (de 0 à 6 ans gratuit) 4 €
Groupes (10 personnes et plus) 5 €