AAAR.FR est devenu devenir•art ! Ce site est conservé comme archive mais il n'évoluera plus.

Géolocalisation désactivée

Du 10 Juin au 05 Nov 2018

Vernissage : 09 Juin

Erik Dietman

Catégorie :

37 Indre-et-Loire

Commissariat artistique: Anne-Laure Chamboissier et Alain Lecomte

Plus d'infos

Fichiers liés :

Cet Évènement fait partie de :

Du 15 Mai au 15 Nov

Act(e)s

L’œuvre d’Erik Dietman (1937-2002) s’inscrit dans un « métissage entre poésie verbale et réalité des choses ».

L’artiste suédois venu s’installer en France en 1959 entretient un lien étroit avec la langue, avec les jeux de mots.
En cela Dietman est proche de Rabelais, le faiseur de mots ; lui pratique une forme de contrepèterie artistique.
Les œuvres présentées au musée Rabelais ne sont pas sans rappeler l’imaginaire de l’auteur de Gargantua : Portfolio (dessins- lithographie) Hommage à François Rabelais (1983), le Proverbe Turc (1998) et l’Ange aux Merveilles (1993).

Tout comme Rabelais invente une réalité augmentée pour dénoncer les abus de son temps, sans cesse Dietman trompe l’apparence avec la réalité pour que rien ne soit définitivement à sa place.

LE PROVERBE TURC (1998)
40 paires de chaussures en bronzes, 80 bougies.
Dimensions variables. Édition n°2/3. Courtesy
Galerie Claudine Papillon

À propos de Proverbe turc, Erik Dietman racontait qu’il était parti d’un rêve où, en Turquie, le fait de retrouver ses chaussures avec des bougies allumées fichées dedans signifiait que l’on était indésirable… Les chaussures qu’Erik a utilisées sont presque toutes les siennes.
On peut donc penser qu’il avait peur d’être indésirable.
L’artiste se sentait partout chez lui et chez lui nulle part.
Il avait choisi de vivre en France plutôt qu’en Suède mais rêvait toujours d’ailleurs. En 1968, il avait tenté de s’installer en Tchécoslovaquie, mais l’arrivée des chars russes l’avait contraint à y renoncer.
La Turquie, peut-être y avait-il songé… La sculpture, en bronze, est monumentale tout en restant extrêmement manipulable.
Erik appréciait tout particulièrement ces pièces environnementales, «monomentales » qui jalonnent son œuvre : L’art mol et raide ou l’épilepsisme- sismographe, 42 vues du Mont Angoisse ou Pipe-line lingotique avant le Proverbe turc dont la première installation a été faite en Suède en 1998.
Une « turquerie » singulière apparaît dans l’œuvre de Rabelais, elle nous vaut une haute lecture: «Comment Panurge raconte la manière comment il échappa de la main des turqcs».
Pantagruel, ch.14.
Lors de ces pérégrinations en quête de sens, Panurge, dans cet épisode étonnant, échappe de justesse aux turcs qui veulent l’embrocher. Cette image suggère beaucoup et donne lieu à de nombreuses interprétations.

HOMMAGE(S) À RABELAIS (1983).
Imprimé à l’Urdla et co-édité par l’Association Zarbo et l’Urdla. Comprend 7 gravures en taille-douce tirées par Carlos Moreira,1 Lithographie tirée par Marc Melzassard, Typographie de Patrice Corbin. 21/60 exemplaire.
Collection du Département d’Indre-et-Loire.

« Avec ces vingt ans (1973-1993) d’hommages à Rabelais, je ne voulais ni entrer dans des illustrations imbéciles style Gustave Doré, ni faire une exposition comme un prétendu élève de Ad Reinhardt l’a fait à propos de Wittgenstein (noir-noir), ni non plus monologuer un éloge à la Bossuet ou délirer un hommage façon critique d’art.
Plutôt quelque chose de parallèle ou, mieux, de même esprit ou, encore mieux, ayant les mêmes ondes (ou pas) ».
Erik Dietman, décembre 1993.

LA NAISSANCE DU MONDE (1990)

LA NAISSANCE DU MONDE (1990)
FNAC 92042(1 à 3)
Armoire en bronze et boutons en marbre : un
noir et un blanc posé au sol. 220 x 130 x 61 cm.
Bouton : 15×80 cm (diam)

Dans la Naissance du monde, on imagine sans peine se trouver devant un tableau à secret comme l’œuvre matricielle de Courbet.
Ce corps d’armoire dépourvue de portes, ce bouton blanc et ce bouton noir, fonctionnent comme une figure érotique livrée à notre plaisir secret, solitaire de voyeur.
Un travail d’échelle à la manière de Lewis Caroll ou de François Rabelais va déplacer l’objet (le bouton) du registre fonctionnel vers le symbolique.
Le jeu d’opposition des deux boutons, noir et blanc s’amplifie : le haut et le bas, dehors/dedans, vertical/horizontal, masculin/féminin, le bien et le mal le ying et le yang.
La démesure nous convie dans l’intimité de la « livrée » du géant Gargantua, quand son père Grandgousier ordonne qu’il soit vêtu « on luy fist habillement de sa livrée : laquelle estoit blanc et bleu. De faict on y besoigna et furent faictz tailléz et cousuz à la mode qui pour lors
couroit. […] pour sa cehmise, furent levées neuf cents aulnes de toille de Chasteleraud […] pour son pourpoinct furent levées huyt cents treize aulnes de satin blanc […] Pour sa braguette furent levées seize aulnes un quartier des mesmes draps , et la forme d’icelle comme d’un arc-boutant, bien estachée joyeusement de deux boucles d’or que prenoit deux crochetz d’émail (que l’on peut approcher des deux boutons) L’exiture de la braguette estoit de la longueur d’une canne et […] voyant la belle dorure de canetille , et de plaisanz entrelatz d’orfevrerie garniz de finz diamens, de fins rubiz, fines turquoyses, fines esmeraudes vous l’eussiez comparée à une corne d’abondance[…] Tousjours gualante, succulente, resudente, tousjours verdoyante, tousjours fleurisssante, tousjours fructifinate, plene d’humeurs,
plene, de fleurs, plene de fruizt , plene de toutes delices. »
Gargantua, ch.8

De la dignité des braguettes, ces deux boutons seraient-ils tombés de la braguette de Gargantua lors de l’émoi provoqué par ses gouvernantes?

L’ANGE AUX MERVEILLES (1993)

L’ange aux merveilles
Bronze, bois d’élan, bois de renne, galet, dent de morse, 88 x 108 x 68 cm.
Courtesy Galerie Claudine Papillon

Peut-être une période pendant laquelle Erik Dietman était conciliant avec ses origines – tout vient du « Grand Nord » dont cette sculpture-collage : dent de morse, bois d’élan et de renne ; conciliant aussi avec son anticléricalisme notoire (Objet contre toute religion (1986), Le
retour de la religion (2000), L’ouvrier, l’islamiste et dieu (2002) etc.), Il considérait les chaises et sièges divers comme des sculptures et en a utilisé un grand nombre (L’Ami de personne (1994), Fouilles (1992), Château poltrone (1992) etc.) .
Le sens, quant à lui, reste un peu secret préférant laisser le regardeur libre…
D’autres œuvres d’Erik Dietman sont présentes dans le hall de l’hôtel de Ville de Chinon et la Médiathèque de la Riche

Informations pratiques
Ouvertures
Du 1er avril au 30 juin : 10h-12h30 et 14h-18h
Du 1er juillet au 31 août : 10h-19h
Du 1er au 30 septembre : 10h-12h30 et 14h-18h
Du 1er octobre au 31 mars : 10h – 12h30 et 14h-17h (fermé le mardi).

Tarifs
Plein tarif 6 – Tarif réduit 5€
Gratuit pour les moins de 7 ans.
Pass Privilège 16€

From 10 June to 5 November 2018
Curator: Anne-Laure Chamboissier and Alain Lecomte
Erik Dietman’s (1937-2002) oeuvre is part of a “cross between verbal poetry and the reality of things”. the Swedish artist who settled in France in 1959 had a close relationship with language and puns. As such, Dietman was close to Rabelais, the wordsmith; he practiced a form of artistic spoonerism. The works on view in the Musée Rabelais call to mind the imagination of the author of Gargantua: Portfolio (drawings-lithography), Homage à François Rabelais (1983), the Proverbe Turc (1998) and L’Ange aux Merveilles (1993). Just as Rabelais invented a heightened reality to speak out against the excesses of his day, so Dietman was forever mistaking appearances with reality, with the result that nothing has its definitive place.
Information: Musée Rabelais -37500 Seuilly. http://www.musee-rabelais.fr