Les HTMlles : Festival féministe d’arts médiatiques + de culture numérique
13e édition, du 1er au 4 novembre 2018, Montréal
Date limite : 5 février 2018
APPEL HTMlles 2018 — Au-delà du hashtag : échecs et devenirs
«Me semble qu’avec un film qui lui a fait faire 12 millions de dollars, elle n’a pas trop à se plaindre.»*
Car dans la société actuelle, les réussites financières et professionnelles sont celles que nous valorisons et qui nous définissent. Les rétributions imposantes devraient donc occulter les aspects moins glorieux de notre existence et, au besoin, relativiser, voire compenser l’impact d’une agression, d’un abus.
Et cette autorité dont hérite tout naturellement celui-celle qui réussit, pourquoi faudrait-il la remettre en cause en dénonçant les abus de pouvoir? Tenter de jeter de l’ombre sur une carrière éblouissante de succès serait vain. Alors restons bouche bée face au succès incarné.
Mais jusqu’à quand?
#metoo #moiaussi #balancetonporc #YoTambien #QuellaVoltaChe #גםאנחנו أنا_كمان# #werenotsurprised
L’actualité internationale des derniers mois a été riche en rebondissements. Trois ans après que la journaliste Sue Montgomery ait lancé #BeenRapedNeverReported, une nouvelle vague de dénonciations, cette fois-ci internationale, balaye à nouveau les réseaux sociaux. Au fil des sorties publiques, dénonciations médiatiques et accusations criminelles médiatisées, la façade de l’édification patriarcale de notre société semble se fissurer. Des figures emblématiques de la domination d’une classe favorisée ont, brusquement, perdu leur immunité. Ces personnalités publiques incarnaient un succès professionnel, économique et médiatique et c’est cette définition même du succès qui est remise en question aujourd’hui. Ce n’est pas tant la mise en échec de leur carrière devant la déferlante de dénonciations qui compte, mais plutôt l’échec d’un système tout court, de son appropriation de la réussite et de son organisation juridique et politique.
Pour la prochaine édition des HTMlles, nous invitons les artistes en arts médiatiques à réfléchir aux notions suivantes :
— les définitions du succès et de l’échec au sein d’un système basé sur l’oppression;
— l’impact des technologies de l’information en réseaux dans l’émergence de nouvelles voix;
— les potentiels et limites des dispositifs de sousveillance.
SUCCÈS / ÉCHEC
À la lumière de l’actualité récente, mettons en avant des problématiques plus générales qui en découlent. Qui détermine ce qu’est le «succès» ou «l’échec»? Quelle est l’emprise des valeurs néolibérales sur la définition du succès? Quels critères sont laissés de côté? Ou plutôt, qui est laissé de côté et au détriment de qui s’échafaude un succès? Qui a le droit au succès et à qui réserve-t-on l’échec? Et alors, doit-on encore s’attacher à la notion de «succès» comme but ultime? Pourrions-nous mettre à jour la notion de succès et revendiquer ce terme pour toutes ces personnes qui ont enfin, solidairement, révélé les situations d’abus et d’oppression dont elles ont été victimes? Faut-il revendiquer l’échec comme moyen de contestation ou se réapproprier le succès en le re-définissant?
CONTESTATION EN RÉSEAU
Quel a été le rôle des technologies de communication dans ces vagues de dénonciation?
Sans préconiser un techno-enthousiasme naïf, est-ce que l’omniscience des dispositifs numériques et réseaux sociaux pourrait avoir un impact salvateur pour les personnes marginalisées et/ou opprimées? Pour toutes celles qui avaient jusque là échoué à prendre la parole ou que la lourdeur du système judiciaire rebute? Quelles sont les limites de la légitimation d’une prise de parole en réseau?
LA SOUSVEILLANCE COMME REMPART?
Dans une perspective plus large, comment envisager l’avenir en cette ère de transparence et de sousveillance généralisée, où tou-te-s peuvent, tant dans l’espace public que virtuel, dégainer leur téléphone intelligent et user de technologies de l’information pour «tout voir, tout dire et tout montrer»**? En quoi ces tendances lourdes modifient-elles les fondements des sociétés technologiquement évoluées et comment cette transformation s’articule-t-elle? Quels enjeux éthiques pose le brouillage des limites entre privé et public? Bien que la crainte de voir leur intimité révélée puisse en freiner certain-e-s dans leur élan oppressif, ce quatrième pouvoir populaire — outillé de puissants outils de collecte et de diffusion des traces laissées dans toutes les sphères du quotidien — comporte un important risque de dérives. Comment les prévenir?
AU-DELÀ DU HASHTAG?
Quelle sera la suite? Se pourrait-il que la récurrence des mouvements de dénonciation qui se déploient sur les réseaux soit l’amorce d’un changement sociétal majeur? Est-ce que ce ras-le-bol qu’ils expriment est l’indicateur d’une véritable évolution des mentalités et d’un changement dans l’organisation de nos sociétés?
CE QUE NOUS CHERCHONS
Les HTMlles 13 est à la recherche d’œuvres excentriques, critiques, décapantes et poétiques qui revendiquent l’échec et redéfinissent le succès selon de nouveaux paramètres. Nous sommes en quête d’alternatives progressistes et transgressives dénonçant la culture du succès qui préserve — voire encourage — un système caduque. Constatons la faillite de ce système et affirmons son échec. Nous cherchons des propositions critiques et créatives, inspirées mais pas exclusivement — par le féminisme, le cyberféminisme, les études queer, les études critiques sur l’ethnicité et les études des incapacités. Voyons de quelles manières les perspectives féministes, queer, anti-oppressives et anti-racistes peuvent paver la voie. Soyons là où l’on ne nous attendait pas. Surprenons-nous à imaginer des alternatives constructives et proposons de nouvelles organisations sociales. Rien de moins.
Les HTMlles 13 accueille des propositions de projets d’artistes, de commissaires, d’activistes s’identifiant comme femmes, trans et dissident-e-s, ainsi que de collectifs et d’organisations.
Exemples de médias / formats : œuvre interactive, net art, art électronique et audio, art radiophonique, art vidéo, installation, médias géolocalisés, animation 3D, art du jeu vidéo, réalité augmentée, œuvre numérique à trame narrative, court métrage, bio art, interventions publiques, pratiques du libre et ancrées dans la communauté, performances et pratiques interdisciplinaires, ateliers, discussions et tables rondes – ou quelque chose de tellement audacieux que nous n’en avons même pas encore entendu parler…
CE QUE NOUS OFFRONS
Les HTMlles est un festival à but non lucratif qui compte sur le soutien d’une communauté dynamique constituée d’artistes, travailleur-euse-s culturel-le-s, ami-e-s et bénévoles et vise à rester accessible (avec aucun ou un frais d’entrée peu élevé). Nous ne pouvons pas contribuer financièrement aux coûts de production des oeuvres, mais nous pouvons offrir un soutien en termes d’échanges de service, un accès à certains équipements et des lettres de référence pour les participant-e-s et les demandes de financement.
Les HTMlles offre des cachets d’artistes basés sur les barèmes de diffusion en arts médiatiques duCQAM.
Les HTMlles est une excellente occasion de rencontrer des gens qui partagent des idées similaires à travers une série d’événements uniques et un ensemble diversifié de coprésentation. Les partenaires des HTMlles 13 comprennent actuellement : articule, La Centrale, CQAM, Eastern Bloc, Groupe intervention vidéo (GIV), OBORO, Perte De Signal, McGill University’s Institute for Gender, Sexuality and Feminist Studies (IGSF), Concordia University’ Feminist Media Studio, and Technoculture, Art and Games (TAG).
MODALITÉS DE SOUMISSION : INFORMATIONS REQUISES
1. Informations personnelles
Coordonnées :
– nom de l’artiste ou des artistes;
– courriel;
– ville de résidence;
– téléphone;
– site web / tumblr / etc.
2. Description du projet
– Titre du projet
– Type du média
– Format du projet proposé (exposition, atelier, table ronde, performance)
– Description du projet (500 mots maximum)
– Veuillez expliquer comment votre projet est en lien avec la thématique du festival et son mandat féministe ? (150 mots maximum)
3. Matériel d’appui
– Images, fichiers audio et/ou vidéo : 10 images max.; 3 extraits audio/vidéo maximum d’une durée de 3 minutes ou moins. S’il vous plaît, veuillez fournir URL(s) (et le/les mot de passe(s), le cas échéant).
– Description du matériel d’appui : titre, lieu, année.
Veuillez envoyer le dossier de candidature sous UN format pdf (taille du fichier max. 5 MB) à appel[at]studioxx[dot]org
Objet du courriel : Application | HTMlles 2018
Date limite : le 5 février 2018 à 23h59 (heure de Montréal).
S’il vous plaît, prenez note que les candidatures incomplètes ou reçues après la date limite de candidature ne seront pas considérées.
Les participant-e-s recevront un accusé de réception.
Le comité de programmation du Studio XX avisera les participant-e-s sélectionné-e-s en mars 2018.
Pour plus d’informations, nous contacter à : info[at]studioxx[dot]org
Merci de votre intérêt pour le Studio XX et Les HTMlles !
Conseils
Prenez note que le comité de sélection du Studio XX dispose d’un temps limité pour étudier chaque dossier soumis. Veuillez vous assurer de présenter vos informations d’une façon claire et concise en vous conformant aux contraintes du formulaire.
À PROPOS DES HTMLLES
Depuis 1997, Les HTMlles rassemble des artistes, des théoricien-ne-s et des activistes passionné-e-s par la réflexion critique sur les nouvelles technologies dans une perspective féministe. Le festival a lieu tous les deux ans à Montréal et il vise à présenter des projets innovants créés par des artistes locaux-ales et internationaux-ales. Chaque édition s’inspire d’un thème spécifique et aborde des questions sociopolitiques d’actualité qui dépassent les frontières des pratiques artistiques et féministes.
Le festival Les HTMlles est produit par le Studio XX, un centre d’artistes féministe bilingue fondé en 1996 et engagé dans l’exploration technologique, la création et la critique. Le festival s’articulait initialement en tant que plateforme internationale afin d’introduire l’art Web créé par des femmes. Près de deux décennies plus tard, grâce à la collaboration d’organismes partenaires, Les HTMlles est devenu un festival multi-site dédié à la présentation d’oeuvres d’arts médiatiques indépendantes créées par des artistes se définissant comme femmes, trans ou dissident-e-s, dans un environnement transdisciplinaire axé sur l’anti-l’oppression.
Depuis 1997, les trois forces motrices des HTMlles [Art + Technologie + Féminismes] se sont inspirées et imprégnées les unes des autres et ont questionné de façon créative le passé, le présent et le futur de notre vie quotidienne tournée vers les technologies à partir d’une approche féministe.
* : David DESJARDINS. (2017) La décence. Dans L’actualité. [En ligne] http://lactualite.com/societe/
** : Magali UHL. (2002) Intimité panoptique. Internet ou la communication absente. Dans Cahiers internationaux de sociologie. [En ligne] https://www.cairn.info/revue-