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Du 02 Juin au 03 Juil 2013

New Orléankara, Nicolas Royer

Catégorie :

45 Loiret

Techniques mixtes, carton, moteur, acrylique, etc.

Organisé par :

Identité remarquable

Adresse :

4 rue du Bourdon Blanc 45000 - Orléans

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Fat Painting

« Les kebabs parfois sont difficiles à digérer, mais pas très loin d’ici, il y a un turc très correct qui défie les lois du genre » N.R.

Malbouffe…

Nicolas Royer proposait en 2005 avec son exposition « Light Painting », à la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier d’Orléans, quelque chose d’un peu au delà des problèmes du goût. La « Suite au kebab », enfilade de tableaux gestuels, répétitifs et colorés ainsi qu’un grand M de Mac Donald’s au chœur et des « vitraux » postiches fraîchement brossés tous rose et vert qui posaient pour nous tous (et lui-même) la question de l’artiste peintre confronté à son temps. Programme plutôt ambitieux.

Le choix d’un sujet aussi trivial que la « restauration rapide » permettait l’exhibition de la « cuisine » du peintre, étalée onctueusement, à la louche généreuse dans l’antre très « culturel ». Cela donnait, en intérieur et bien en pâte, des éléments prosaïques de paysage urbain à base d’enseignes, d’ici, d’ailleurs, en fait, de partout. Un regard croisé sur l’art et la société, tout au moins, sur la mondialisation, et c’était à la fois impertinent, pertinent et intéressant. Mais certains gestes sont encore trop nouveaux en province, là où, pourtant, les enjeux peuvent se révéler si saillants comparativement à la ruine artistique des grandes métropoles capitales (« T’as voulu voir New York, on a vu New York, t’as voulu voir Berlin, on a vu Berlin »). Bien sûr ! Mieux vaut laisser le contemporain à ceux qui n’en peuvent strictement rien faire : les Parigots ! (De tous les Paris de la Terre…)

Donc… Orléankara capitale !

S’il ne s’agissait de parler qu’échelle locale (passant sous silence l’actualité présente d’Ankara), je me souviens assez peu des expositions proprettes qu’accueille généralement en son sein la belle collégiale Saint-Pierre-le-Puellier, lieu d’exposition municipal qu’on peut reléguer aux promenades digestives et dominicales depuis que certaines tentatives un peu inhabituelles n’y ont plus cours, comme celle de Nicolas, et qui firent au temps jadis controverse. L’édilité est frileuse ! Elle a eu peur de perdre son crédit au point de regretter ses propres choix : lorsqu’elle n’y comprend plus rien, elle redoute pour elle-même — comme à peu près toujours ! — l’effet de scandale. Cela se ressent dans les rapports humains et leurs ambiguïtés. Assumer n’est pas simple… et dès lors, proposer de nouvelles choses non plus. Voilà qui est dommage.

Pas évident pour tout un chacun, certes, d’accepter d’emblée ce qui pouvait s’apparenter au premier regard, dans une collégiale, à la sacralisation du fast food, qui plus est à l’orientale.
Une moquerie ? Un affront à la tranquillité publique ? Où vont nos impôts !? (« Mon fils lui aussi fait du Picasso »… « Mon fils fait mieux que Picasso »… « Ma fille fait aussi bien que Picasso »… « Je préfère mes assauts de picassiette aux assiettes de Royer ! »). Mais « l’art » doit-il pour autant conserver indéfiniment, pour des publics mal avertis des expérimentations modernes et contemporaines, quelque chose du sacré de l’hostie ? Ce serait plutôt idéalement romantique, mais enfin on ne retient jamais, hélas ! de cette prise de la pastille… que fadeur.

Les gourmets s’en vont ailleurs, les gourmands tout autant !

A vrai dire, ces quelques-là, faméliques fanatiques, ont souvent du mal à trouver où se restaurer…

Sébastien Hoëltzener