« Strates de la mémoire évoquée au travers de matières superposées, d’écritures et de signes lisibles ou illisibles, tels des palimpsestes.
Traces du temps et de l’usure inscrites sur les tissus enfouis dans les terres ancestrales.
Recherche d’un dialogue entre l’espace et la matière, entre le textile et la texture. »
MB
Du textile à la texture
Travail sur le thème des murs, des portes, des passages. Créer des sortes d’itinéraires visuels, des collages, Murs de toile, de papiers. Confrontation avec la matière. Provoquer la naissance de labyrinthes, de jardins secrets…
De la texture à l’écriture
Mes écritures s’affichent comme la mémoire d’une histoire, de ma propre histoire, enfouie dans la trame serrée de la toile. Et pourtant, s’échappent des traces, des indices lisibles ou illisibles. Naissent alors des signes indéchiffrables qui révèlent et cachent à la fois.
L’écriture se fond dans le miroitement de la couleur, celle-la même qui saura lui apporter l’apaisement attendu. L’écriture semble malaxer les matériaux dans le creuset unificateur du monochrome.
Les ocres, les bruns, les rouges, les pourpres… ces couleurs qui rivalisent de profondeur !
Strates de la mémoire
Avancer dans la profondeur qui se dérobe, au sein de douleurs amputées, de silences ineffables et de noms tronqués.
Quêtes incessantes pour inscrire les traces du temps, de l’usure et de l’effacement !
Surgissent alors les brisures, les fêlures, les failles, les impacts écrasés, marques d’une violence contenue.
Superposition de matières, d’ écritures, de signes : strates de la mémoire évoquées dans les palimpsestes naissant !
Terres ancestrales
Comme dans un rituel, je pars fréquemment vers mes terres ancestrales du Gers. Régulièrement, j’y plante mes tissus et les abandonne aux intempéries, aux aléas du temps . Plus tard, je les récolte et leur offre une vie nouvelle dans mes toiles. D’autres tissus, à leur tour, iront puiser dans ces mêmes terres, la mémoire du lieu, mémoire oubliée, mémoire des ancêtres. Ils renaîtront chargés de traces, de stigmates, rongés, usés, transformés…
De l’écriture à la calligraphie
Papiers anciens retrouvés, actes notariés d’un autre temps, sauvés de l’oubli, écritures personnelles ou empruntées… Mêler les calligraphies d’aujourd’hui ou d’autrefois, d’ici ou d’ailleurs. Mystère des calligraphies qui toujours offrent des messages à décripter.
Travailler sur la carte
C’est interpréter le monde en cherchant son propre cheminement.
La carte participe à cette mémoire du territoire, de l’espace et du lieu. Elle est ouverte à toutes les variations, les transformations. Elle évoque un monde mouvant dans lequel les frontières ne sont pas figées. La cartographie nous amène ailleurs, vers un inconnu. Sa forme est omniprésente. Elle joue avec les lignes, les traces et la matière, entre le visible et l’invisible.
Ainsi je suis à la recherche d’itinéraires possibles, de territoires perdus et de labyrinthes improbables offrant des repères que seule la mémoire parvient à déchiffrer. Rassembler des fragments afin de créer de nouveaux espaces. Parfois je m’y perds.
C’est le récit d’une recherche picturale qui doit sans cesse rendre visibles les traces de mondes fragmentés, de failles et de terres inconnues.
La cartographie des rêves.
Terra Incognita
« La carte, comme le rhizome, a des entrées multiples »
Gilles Deleuze
Terra Incognita est un ensemble d’œuvres picturales cartographiques, sur des toiles souples, installées dans l’espace. Cartographies, aux frontières fluctuantes, offrant les repères que seule la mémoire parvient à déchiffrer.
Invitation à la rêverie, à l’errance, au voyage imaginaire dans le temps comme dans l’espace.
Evocation des traces ou stigmates du temps, des failles et des déchirures dans une topologie nomade ou une carte paysage.Créer des cartes palimpsestes qui se superposent, se transforment, s’effacent et se redessinent.
La mise en espace de ces œuvres cartographiques est une invitation au voyage intérieur. Il appartiendra à chaque visiteur d’inventer une identité à ces territoires, de dessiner les frontières d’une carte à l’autre et peut-être d’y retrouver ses racines.