Nous savons que Juliette Binoche est née à Paris, que ses parents travaillaient dans le spectacle, que son enfance l’a conduit au Château des Radrets, qu’elle a suivi des cours pour devenir actrice. Son histoire est faite de rencontres successives avec des réalisateurs. Peu d’actrices ou d’acteurs auront été ainsi souhaités, désirés, par des cinéastes aussi variés que Jean-Luc Godard, Leos Carax, Jacques Doillon, Louis Malle, Chantal Akerman, Jean-Paul Rappeneau, Philipp Kaufman, Michael Haneke, Abel Ferrara ou encore Olivier Assayas, … Chaque fois, il s’est produit quelque chose, «quelque chose» d’indicible. On ne parle pas ici du résultat, le film, mais de l’expérience née de la rencontre qui le compose.

 

L’exposition Portraits / Autoportraits est la somme de ces rencontres.
Il faut beaucoup de courage à une actrice pour se risquer là où nulle reconnaissance ne la protège, dans des exercices – la peinture, l’écriture – où elle se présente le visage nu et les mains vides en quelque sorte. Notre culture n’aime pas les artistes qui veulent embrasser plus que leur art. Pourtant, en découvrant le travail de Juliette Binoche cette prévention tombe immédiatement. La technique est à la fois brute et sensible, spontanée et construite. Elle exprime une variation infinie sur le même thème. Elle nous montre la voie et nous aide à nous interroger sur les caractères et donc les différences entre chaque cinéaste. Il y a aussi une forme d’espièglerie à dévoiler quelque chose des «grands noms» du cinéma. Les autoportraits sont l’écho de cette galerie de portraits ; autant de visages que de rôles offerts par les cinéastes à l’actrice qu’ils ont choisi. Quant à la présence de textes, troisième élément de cette exposition triptyque, Juliette Binoche les explique ainsi : «… ce sont des mots adressés aux réalisateurs, comme un film peut l’être à son acteur, avec le choix des prises, des angles, des voix.»